La théorie politique de la communication Chez Dominique Wolton

Professeur de l’enseignement supérieur
Faculté des Lettres et Sciences Humaines
Oujda - MAROC

Chercheur en Linguistique et Communication
Académie Régionale d'Éducation et de Formation de
la Région de l'Oriental - Berkane - MAROC

Résumé

Cet article a pour ambition d’exposer la théorie politique de la communication chez Dominique Wolton. Ce concept-clé émaille les recherches qui l’ont occupé depuis quarante ans. En effet, tous les actes de la vie privée et de la vie publique, des personnes physiques et des personnes morales sont tributaires des prouesses et des fiascos de la communication. Ce concept devient donc le maître-mot de la société moderne. La définition que Dominique Wolton en donne émane d’une vision philosophique très profonde qui met l’homme au centre de toute réflexion et de toute analyse. Il l’érige comme une panacée aux maux et aux malheurs qui harcèlent l’homme moderne. Pour lui, la définition de la communication se base donc sur la prise en compte de l’altérité et la critique de l’idéologie technique qui réduit les êtres humains à des réseaux ou des tuyaux.

Abstract

This article aims to present Dominique Wolton's political theory of communication. This key concept permeates his research over the past forty years. Indeed, all acts of private and public life, of individuals and legal entities, are dependent on the successes and failures of communication. This concept thus becomes the watchword of modern society. Wolton's definition of communication stems from a very deep philosophical vision that places man at the center of all reflection and analysis. He erects it as a panacea for the ills and misfortunes that plague modern man. For him, therefore, the definition of communication is based on the consideration of otherness and the critique of technical ideology that reduces human beings to networks or pipes.

échafaudé par Dominique Wolton[1] s’articule autour de la communication et des concepts connexes. Son intention était de « refonder les valeurs d’émancipation de l’information et de la communication dans un contexte où elles sont devenues omniprésentes et terriblement polysémiques. »[2]. Cependant, la question qui taraude le chercheur est celle de sauvegarder cette valeur dans un monde qui connaît des bouleversements foudroyants et rapides. Le plus grand défi est donc de « perpétuer, dans un monde saturé d’information, de communication et de technique, la valeur d’émancipation qui fut les leurs depuis le XVI siècle.»[3]

Dans ce cadre et avant d’exposer la théorie de la communication de Wolton, il est intéressant de rappeler que l’enjeu principal de cet expert est de «repenser la communication à l’heure du triomphe de l’information et des techniques qui l’accompagnent.»[4]

Ce travail n’a pas pour objectif d’étaler toutes les idées de Dominique Wolton de manière linéaire ou exhaustive. Au contraire, il vise à présenter la thèse de ce chercheur pour vulgariser ses idées et exposer de la manière la plus accessible les grandes lignes de sa théorie de la communication.

Pour ce faire, il nous semble opportun de définir premièrement la communication telle qu’elle est conçue par Wolton avant d’exposer sa théorie de la communication. Chemin faisant, nous mettrons l’accent sur les rapports ambivalents qui se tissent entre communication et information tout en interpelant les rôles des acteurs principaux de la sphère publique et politique. Pour terminer cet article, nous nous pencherons sur la place de la communication dans un espace public et politique remodelé par l’idéologie technique et les chantiers à entreprendre pour remédier aux menaces et aux risques de la modernité.

  1. La communication d’après Wolton

Dominique Wolton est un vrai spécialiste des médias et un grand penseur de la communication. Ce concept-clé émaille les recherches qui l’ont occupé depuis quarante ans. La tyrannie de la communication se laisse clairement voir lorsqu’il dit : «la communication est l’interrogation majeure de mon existence, et cette interrogation traverse depuis quarante ans l’ensemble de mes thèmes de recherche : qu’il s’agisse des relations hommes-femmes, du monde du travail, des médias, des rapports science et société, de la communication politique, de la mondialisation et de la diversité culturelle…» [5]

Cet aspect hégémonique de la communication est récurrent dans toute l’œuvre de l’auteur. « A force d’étudier les relations hommes-femmes, les transformations du monde du travail, puis les médias, il forge intuitivement cette idée selon laquelle tout part et tout nous ramène à la communication, à ses aspérités et à ses promesses, mais aussi à ses échecs»[6]

En effet, tous les actes de la vie privée et de la vie publique, des personnes physiques et des personnes morales sont tributaires des prouesses et des fiascos de la communication. Ce concept devient donc le maître-mot de la société moderne. Wolton souligne cette propriété en ces termes : « dans la vie de la cité comme dans la vie amoureuse, dans la vie professionnelle comme dans la vie familiale, nos accords et nos désaccords, nos élans et nos espérances viennent de ce qui surgit ou ne surgit pas de cet acte initiateur de toute société : communiquer.»[7]

La richesse des sujets que ce concept crée est frappante. On peut dire sans hésitation qu’il est derrière toutes les grandes problématiques de l’époque moderne. Il est vraiment « impossible de vivre sans communiquer et en même temps la communication n’est pratiquement jamais au rendez-vous. »[8]. Cette caractéristique paradoxale de la communication – car obligatoire et inquiétante – a engendré la problématique obsédante qui a hanté la réflexion de Wolton et qui se résume en ces mots : « l’incommunication domine : on ne s’entend pas, on se comprend peu ou mal, on s’affronte, on se combat, on se cherche et on ne se trouve pas, on s’épuise le plus souvent dans des relations difficiles ou qui se désagrègent. Rares, in fine, sont les moments d’entente, d’harmonie- et encore renvoient-ils le plus souvent à un âge d’or, fantasmé…»[9]. Cette incommunication affecte les relations personnelles, l’espace public, les relations entre pays, entre cultures, entre religions …

La définition que Dominique Wolton donne à la communication émane d’une vision philosophique très profonde qui met l’homme au centre de toute réflexion et de toute analyse. Il l’érige comme une panacée aux maux et aux malheurs qui harcèlent l’homme moderne. Sa conception est présentée de cette manière : « l’interrogation centrale est toujours la même : comment passer de la communauté à la société ? De l’identique au différent. Le problème n’est pas l’existence des communautés, mais surtout comment on parvient à la cohabitation entre des communautés qui n’ont rien à se dire»[10]

D’après cet auteur, la communication est inséparable d’un système de valeurs humaniste, démocratique et philosophique. Pour lui, « communiquer, c’est communicare : le lien, le partage, l’amour. Et l’amour conduit toujours à la découverte de l’altérité, qui est la grande aporie. La figure de l’autre interroge, interpelle et remet en cause ce présupposé selon lequel des dispositifs techniques améliorent la communication » [11]

La définition de la communication se base donc sur la prise en compte de l’altérité et la critique de l’idéologie technique qui réduit les êtres humains à des réseaux ou des tuyaux. Wolton reprend cette idée en affirmant : «la communication, c’est une entreprise humaine qui cherche l’autre, découvre l’incommunication et se résout à négocier. Ce qui laisse dès lors la place à deux choses : l’altérité et l’intelligence du récepteur »[12]

Cette nouvelle vision de la communication, dépassant de loin les schémas techniques et économiques, met au centre de sa réflexion l’altérité et toutes les valeurs qui la met au même pied d’égalité que la mêmeté. De ce fait, «la communication correspond à des aspirations profondes de l’homme : l’égalité, la liberté, la fraternité… »[13]

Perçue de cette manière, la communication rejoint la conception religieuse qui insiste sur les volets humanistes et anthropologiques de la chose. Ce dépassement des côtés techniques et matériels est souligné par Wolton dans cette citation : « toute mon hypothèse vise à expliquer que le concept de communication – à dimension d’abord anthropologique – précède amplement la réalité technique. La prise en compte de cette antériorité est fondamentale »[14] 

Cette vision originale de la communication exige une longue éducation et un ferme engagement puisqu’elle est aux balbutiements de son expansion. De grands efforts devraient être déployés pour convaincre les responsables et les dirigeants de son efficacité pour faire régner la paix et la sécurité dans ce monde taraudé par les malentendus et les guerres. L’auteur est très conscient de la difficulté de l’entreprise qu’il a échafaudée. Son propos illustre parfaitement cela : «cette conception de la communication que je défends, minoritaire, d’abord humaine et politique avant d’être technique et économique, illustre très bien cet optimisme mâtiné de réalisme. D’ailleurs, vivre, c’est communiquer, désespérément. Chercher à aimer, à être compris, même si cela n’est pas fréquent.»[15]

Cette conception peut être considérée comme un nouveau modèle de tolérance similaire à celui des philosophes des Lumières mais adapté aux circonstances de notre époque. Cela dit que la communication implique et légitime la tolérance car «se tolérer, c’est déjà reconnaître l’autre et préférer la paix, la négociation, la cohabitation, à la guerre, à l’excommunication et à l’incompréhension »[16]. Dans cet ordre d’idées, on pourrait bien dire que communiquer c’est « partager, négocier, cohabiter avec l’autre »[17].

Wolton n’hésite donc pas à rappeler le versant démocratique et humaniste en disant : « toute ma vie de chercheur consiste à faire reconnaître et valoriser ce concept universaliste de la communication, nécessairement démocratique et humaniste »[18]

  1. De l’information à la communication

Wolton s’emploie à s’attaquer à l’idée communément admise qui veut que l’information coïncide avec la communication. Il essaie donc de démêler les relations entre les deux concepts. La première distinction émane du fait que la communication est un processus plus complexe que l’information. Il dit à ce propos : «voilà le stéréotype commun. C’est l’inverse que je souhaite démontrer. La communication est plus complexe que l’information… »[19]

La victoire apparente et momentanée de l’information a poussé les gens à insister sur les caractéristiques techniques de l’information tels que la rapidité, le rapprochement des distances, l’efficacité…tout en fermant les yeux sur les volets humain, social, culturel, politique…qui accompagnent la transmission. «De toute façon, on avait jusqu’à présent une vision simple de l’information réduite à un message, le plus souvent univoque, et celle d’un récepteur finalement peu complexe. Avec une sorte de continuum entre les deux et l’idée que l’information plus abondante, et rapide, devait créer plus de communication.»[20]

La révolution de l’information n’est pas parvenue à aplatir les difficultés de la communication sinon elle les accentue mais de toute façon elle a fait découvrir la source de ce malaise et de ces difficultés. «Avec la communication, c’est toujours la question de l’autre qui surgit, finalement la plus compliquée aussi bien au niveau de l’expérience individuelle que collective malgré l’omniprésence des techniques, leur performance et la liberté des individus.»[21]. Cette distinction montre que l’abondance et la rapidité des messages (des contenus) a achoppé sur la question tellement compliquée de l’autre (le récepteur).

Cette révolution qui était au début un facteur principal pour l’émancipation des sociétés et des individus devrait être profondément repensée aujourd’hui pour préserver toujours ce souffle d’émancipation et pour réaliser l’enjeu essentiel de la communication à l’heure actuelle. Ce passage subtil, délicat et obligatoire pour instaurer la paix entre les hommes ne peut se réaliser qu’en sortant l’information et la communication de l’emprise de la technique. «Penser le passage de l’information à la communication, c’est donc détechniser la communication, remettre la technique à sa place.»[22].

Dans ce sens, le progrès technique paraît illusoire et porte à confusion. Il ne signifie nullement la réussite de la communication. Au contraire, il peut être source d’incompréhension et de malentendu. «Le progrès des techniques, hélas, ne suffit pas à créer le progrès de la communication entre les hommes et les sociétés. Les hommes immergés dans un univers de techniques communiquent-ils mieux qu’il y a 50 ans ?»[23]

Le fossé entre les deux concepts devient évident et incontournable. Il n’y a donc aucune équivalence entre les deux termes. Toute analogie est trompeuse car elle renferme de grandes contradictions «La médiatisation, la transmission, l’interaction ne sont pas synonymes de communication. Oui les techniques ont fait des progrès considérables permettant d’améliorer des communications sociales. Non elles ne suffiront jamais à résoudre les apories existentielles de la communication humaine, ou alors on s’achemine vers «les solitudes interactives»»[24]

Ainsi, est-il légitime de s’interroger sur l’idéologie technique qui détrône les idéologies traditionnelles et qui a semé cette foi aveugle dans les techniques. Elle consiste «à confier aux outils le soin de résoudre des problèmes de sociétés qui ne relèvent pas de leur champ de compétence. Ici croire que plus il y aura des techniques, demain sept milliards d’internautes par exemple, plus les individus se comprendront.»[25]

Cette glorification excessive de la technique bute sur la réalité complexe et insaisissable des sociétés et des cultures. La technique, à elle seule, ne peut jamais tenir compte des dimensions multiples d’une société en perpétuelle évolution. Se fier uniquement au progrès technique pour comprendre et fonder la société, c’est «confondre deux réalités de nature différente, la technique et la société, en faisant des dispositifs techniques le cœur d’un modèle de société.»[26]. Là aussi, l’attitude de l’auteur est claire et frontale. Sa tendance démantelant l’idéologie technique est exprimée de cette manière : «ce que je critique ici c’est l’idéologie technique, une parmi d’autres, qui consiste à attribuer un pouvoir normatif, excessif, aux techniques de communication, pour devenir le principal facteur d’organisation et de sens de la société.»[27]

Cette dépendance des outils et des techniques a également des répercussions psychologiques très remarquables. Tout le monde est conscient des inconséquences de cette addiction mais personne ne peut s’en défaire sans impact psychologique. Pour sentir cela, il suffit d’ «observer notre état psychologique quand nous sommes séparés de l’ordinateur, et ou, du téléphone portable pendant plus de deux jours. Inconcevable…Beaucoup d’entre nous en sont malades.»[28]

Paradoxalement, le progrès technique démolit la grande valeur qu’il a construite durant plusieurs siècles : l’émancipation. Le plus malheureux c’est que ce retour au point de départ s’effectue d’une manière volontaire. «Les techniques de communication ont contribué à ce mouvement d’émancipation et c’est au moment où l’individu est libre, indépendant de toute autorité qu’il s’assujettit, volontairement cette fois, aux techniques qui lui ont permis précédemment de se libérer. Les «servitudes volontaires» sont innombrables.»[29]

Pour remédier à cette situation tragique de l’homme moderne, il faudrait réintroduire les dimensions humaine, sociale, culturelle, politique et démocratique dans toute réflexion sur la communication. Sans prise en compte de ces déterminations la communication serait réduite à un amas de machines interconnectées. Autrement dit, «sortir de l’idéologie technique, c’est sortir du technicisme : rappeler que les progrès de la communication humaine ne sont pas proportionnels aux progrès techniques ; séparer communication et technique alors que pendant cent ans les deux ont été liées dans le même mouvement d’émancipation.»[30]. Pour résumer ce point, on pourrait dire que la dimension technique ne doit pas estomper la dimension anthropologique de la communication. Pour mieux le dire encore, «en réalité, il faut réintroduire de la distance historique et géographique.»[31]

Ce vœu ne peut être réalisé qu’en tissant des liens viscéraux entre la communication et la société et non avec les tuyaux et les machines qui induisent en erreur. Pour contrecarrer cette idéologie déshumanisante, «il faut sortir de la technique, expliciter les liens entre théories de la communication et théories de la société.»[32]

  1. La théorie politique de la communication

Pour commencer cet axe, il est intéressant de faire le départ entre les deux philosophies qui partagent le champ de la communication. La première se fie au progrès technique. Elle est fascinée par la performance, la vitesse et les outils. Wolton la décrit de cette manière : «l’une , largement majoritaire dans le monde, privilégie la technique et l’économie. Les Gafam en sont le symbole et la société numérique l’horizon. La technique aidera, voire sauvera, l’Homme.»[33]

Quant à la deuxième, celle défendue par l’auteur, elle concerne les dimensions sociale, politique et anthropologique de l’humanité. Le respect des spécificités de chaque communauté et la confiance déléguée à l’autre en sont les valeurs principales. Elles sont, à elles seules, capables d’ériger un modèle de cohabitation assurant la coexistence et l’intercompréhension. «L’autre philosophie, politique, est très minoritaire, et privilégie l’Homme et la politique. C’est à elle que je me réfère (…). La philosophie politique de la communication est plutôt agonistique. L’horizon est souvent conflictuel.»[34]

La finalité de cette philosophie est d’instaurer la paix, l’intercompréhension et l’entraide au sein des différentes sociétés et au niveau de la communauté internationale. L’auteur explicite cette vision en ces mots : «pour moi la communication est une activité politique et humaine, parce qu’elle cherche à réduire les conflits, les inégalités et organiser une cohabitation la moins violente possible.»[35]

La communication paraît donc le pivot de la philosophie politique contrairement à l’autre philosophie qui privilégie l’information. La communication est de ce point de vue le cœur de tout acte de négociation et de rationalisation qui devrait déboucher sur la construction de la cohabitation. Cette distinction relève de deux conceptions épistémologiquement différentes. «Avec l’information, on peut glisser vers la technique et ses Big Data. Avec la communication, on n’échappe pas à l’anthropologie. Dans un cas, la technique domine, dans l’autre la société prévaut. Impossible d’échapper à la politique[36]

Cette théorie politique de la communication ne peut être joliment étalée sans expliciter les trois inséparables, butin de la longue recherche et expertise de Wolton qui dit : «penser le rôle des ‘’trois inséparables’’ (communication, incommunication, acommunication) est le résultat de plus de trente années de mes recherches»[37]

Une première appréhension des trois notions consiste à une schématisation spatiale approximative. «En réalité, l’incommunication se situe entre deux extrêmes : la réussite de la communication, et, à l’opposé, son échec, l’acommunication.»[38]

Pour bien comprendre le concept ‘’communication’’, il est préférable de déconstruire le stéréotype qui confond information et communication. En effet, « Informer n’est pas communiquer »[39]. Derrière les réseaux et les tuyaux, il y a des hommes et des sociétés. La diversité culturelle tient tête à la technique. « L’interactivité n’est pas toujours synonyme d’intercompréhension. En réalité, l’enjeu de la communication n’est pas l’échange d’informations, mais celui de l’altérité, de la négociation et de la cohabitation.»[40]. La grande découverte de la communication est donc le récepteur, la relation et l’altérité. Les différences culturelles et sociales de l’autre nécessitent une négociation pour aboutir à la cohabiation. C’est ainsi que s’enrichit le champ notionnel du concept en question comme le dit l’auteur dans cette citation : « C’est ainsi que j’ai réfléchi aux trois sens du mot communication : partage, transmission et négociation »[41]

Cette négociation ne consiste pas seulement à reconnaître les différences de l’autre mais elle cherche également à le valoriser en lui donnant le même poids que celui du locuteur. Cependant, «il y a là un paradoxe : ce monde de la communication généralisée devrait valoriser l’autre, on ne cesse de le réduire au même. C’est tout l’enjeu de la communication. Chercher le même, buter sur l’autre, et souhaiter néanmoins que l’autre ressemble au même que l’on recherche.»[42]

De ce fait, la communication se définit dans un cadre éthique meublé par des valeurs tels que le respect, la confiance, la négociation, la cohabitation, l’altérité, la différence… Elle est aux antipodes de toute appréhension technique ou économique des choses. Au contraire, elle relève d’une vision culturaliste, humaniste, anthropologique et politique du monde. Dans cette perspective, « ce n’est pas le multi-branchement technique qui assure la compréhension ou la cohabitation, c’est la volonté politique, ou non, de se respecter, malgré les différences. C’est pourquoi, selon moi, la communication relève de la politique, au meilleur sens du terme, c’est-à-dire la volonté de négociation sur fond d’altérité »[43]

Quant à l’incommunication, elle est l’horizon et la condition sine qua non de toute communication sérieuse. Elle consiste à chercher les terrains d’entente et les conditions du dialogue et d’intercompréhension malgré les différences et le désamour même parfois entre les communicants. Elle glorifie le respect et l’entraide pour la cohabitation considérée comme réussite de la communication. Pour cela, « l’incommunication est un concept aussi important que celui de communication. Parce que paradoxalement, il en est la condition. C’est bien parce que nous ne sommes pas d’accord entre nous, affectivement ou professionnellement, que nous négocions. Et c’est en discutant que nous trouvons un terrain d’entente »[44]

Cette notion est le fruit d’un modèle démocratique et culturel très mature. Elle en est en fait un indice et un résultat. «C’est pour cela que l’incommunication est paradoxalement un progrès culturel et politique. Toujours cette grande idée de la communication : les mots plutôt que les coups.»[45]. L’incommunication serait indubitablement la réflexion sur l’adoucissement des obstacles pour la possibilité de la communication.

Ce concept devient le maître-mot d’un siècle où toutes les différences émergent et où certains appellent à un choc entre les cultures ou à une guerre civilisationnelle[46]. La contrepartie de ces thèses conflictuelles est une conception philosophique et politique de la communication faisant de l’incommunication un horizon et une force pour adoucir les abus et les excès. «La question de l’incommunication est donc l’enjeu du 21 siècle : comment apprendre à cohabiter et à se tolérer a minima alors que la visibilité de toutes les différences devient un facteur d’antagonisme supplémentaire ?»[47]

Ce concept condense beaucoup de valeurs et de principes. C’est le cœur d’une approche politique très consciencieuse des défis de ce monde et consciente de dépasser tous les désaccords pour avoir des aires de partage et de dialogue. «Le concept qui illustre peut-être le mieux ces vingt dernières années est celui de l’incommunication, c’est-à-dire la prise de conscience à la fois de l’altérité des visions du monde et de la nécessité de négocier pour éviter qu’elles ne débouchent sur des conflits politiques.»[48]

Percer les mystères de l’incommunication pour réunir les conditions d’une communication fructueuse et efficiente est un travail de longue haleine et une éducation qui se base sur le respect et la valorisation de toutes les différences de l’autre. Cette orientation ne peut donner ses fruits qu’«en travaillant sur l’incompréhension et en réexaminant les concepts de représentations, stéréotypes, symboles, langues de bois, compromis… Accéder à la réalité de l’autre est la première condition de l’action dans un monde ouvert où les identités culturelles et politiques jouent un rôle croissant.»[49]

En parlant des BRICS[50] par exemple, l’auteur insiste sur les paramètres essentiels à prendre en compte pour mener à bien cette philosophie privilégiant l’incommunication à savoir les langues, la traduction et les cultures. Ce propos mérite d’être réinscrit : «en réalité, toutes ces différences obligent à ‘’négocier’’ sans fin. Et dans ce processus improbable de coopération à cinq, l’importance des langues et de la traduction est cruciale. Elle illustre le rôle capital de la diversité linguistique et culturelle.»[51]

Pour abréger, soulignons qu’en plus des grandes problématiques du XXI siècle, «l’autre défi politique contemporain est celui de la prise de conscience de la nécessité de penser l’incommunication, c’est-à-dire les conditions de cohabitation les moins violentes possibles entre ces quatre dimensions : la politique, l’économie, la technique et la culture.»[52]

Cela étant pour la communication et l’incommunication, «l’acommunication à l’opposé, signifie l’échec de la négociation. L’altérité radicale s’impose. Souvent violente, avec les guerres et les conflits. Elle constitue le plus souvent l’horizon des relations internationales. L’acommunication augmente, hélas, avec la mondialisation. On se voit, mais on a rien à se dire.»[53]

L’acommunication illustre parfaitement les désastres du monde contemporain qui ne parvient pas encore à gérer ses zones d’incommunication. Cet échec est sans aucun doute la source de tous les radicalismes. «Quant à l’incommunication radicale, l’acommunication, c’est l’impossibilité de négocier, l’échec, la mort, la guerre.»[54]

La définition de l’acommunication met en valeur la force et le pouvoir de l’incommunication et de la négociation. Négocier permet en toute dernière analyse d’éviter les risques et sinistres de l’acommunication. Négocier, c’est «éviter de basculer de l’incommunication à l’acommunication, c’est-à-dire à l’échec, au silence, à la mort.»[55]

La grande victoire de l’articulation des trois concepts inséparables réside dans une réflexion sérieuse sur les zones d’incommunication tout en négociant continuellement pour construire la cohabitation. La recette de la réussite de ce modèle est la suivante : «Comment cohabiter sans forcément s’aimer. Comment domestiquer l’incommunication pour éviter les catastrophes de l’acommunication.»[56]

De la communication à l’incommunication : la cohabitation

On insiste encore une fois sur ce concept, ‘’l’incommunication’’, mais il faut dire de prime abord que « l’incommunication est le double de la communication, car elle repose sur les valeurs de la liberté individuelle.»[57]. Loin d’être l’antonyme de la communication, « l’incommunication est souvent l’horizon de la communication.»[58]

C’est ce concept qui détermine la quintessence de l’ouvrage intitulé Il faut sauver la communication[59]. Pour Wolton, «penser l’incommunication et organiser la cohabitation, c’est sauver la communication.»[60]

Pour le préciser davantage et insister sur ses vertus et sa dette pour la communication, l’auteur dit : «penser l’incommunication, c’est respecter l’autre, comprendre sur quoi repose l’altérité. Penser l’incommunication constitue le stade suprême de la communication. Construire la cohabitation, c’est réfléchir aux conditions d’un minimum d’inter-relation en respectant les différence. Le cycle communication-incommunication-cohabitation n’est donc pas l’échec de la communication, mais au contraire la manière de respecter, au mieux, les dimensions normatives de celle-ci.»[61]

Ces mots sont très suffisants pour comprendre que l’incommunication constitue la plate-forme éthique et normative sur laquelle repose la communication là où il y a des différences qu’il faut préserver pour vivre ensemble. Elle réunit les conditions dans lesquelles les différences et les conflits seraient acceptables et la communication serait possible et vivable via la cohabitation. Dans cette perspective, «Incommunication et cohabitation sont donc les deux faces de la communication normative.»[62]

Contrairement à la fascination et à la foi aux techniques et aux outils, l’incommunication et la cohabitation inaugurent une nouvelle vision qui dépasserait les dérives des premières étapes de l’information et de la communication. «C’est le retour de l’Histoire, des sociétés, des civilisations et des religions par rapport à la victoire des techniques et de l’économie.»[63]. Cette nouvelle philosophie est purement humaniste et démocratique puisqu’elle reconnaît la singularité et les différences des hommes. «L’autre, c’est de toute façon celui qui ne parle pas comme moi, et vis-à-vis de qui je dois faire un effort de tolérance et de compréhension.»[64]

Cette thèse humaniste, consciencieuse et amplement rationalisante constitue la contrepartie des thèses menaçant l’humanité et légitimant le choc et appelant à la guerre. Pour Wolton, «penser l’incommunication à l’échelle de la mondialisation, c’est aussi dépasser les deux approches qui ont été présentées comme l’horizon des enjeux de culture : celle de Francis Fukuyama, qui présidait la fin de l’histoire ; celle de Samuel Huntington, qui parle lui de conflit des civilisations.»[65]

Force est de souligner que l’espace public doit être profondément remodelé pour intégrer tous les ordres symboliques de la société moderne. Sa définition même est révisée suivant les exigences d’une société dont l’ouverture et le changement accéléré sont les principales caractéristiques. En effet, «la société de «communication» a besoin à la fois de séparation des ordres symboliques et de l’existence d’activités qui, de l’information à la culture, à la religion et à la contestation politique, croisent ces mêmes espaces, et manifestent d’autres dimensions de l’homme.»[66]

Pour résumer, on peut dire que l’incommunication rassemble toutes les valeurs requises pour un monde où règnent la paix, la reconnaissance de l’autre, la collaboration et l’intercompréhension. «Communiquer, c’est découvrir l’incommunication, l’altérité radicale et l’obligation d’organiser la cohabitation.»[67]. La problématique principale de la communication aujourd’hui est d’assurer ce virage pour des questions de paix et de guerre. «Tout l’enjeu de ce début du XXI siècle est donc de réévaluer ce concept, de le sortir de l’emprise technique et économique dans laquelle il est aujourd’hui pour lui faire retrouver ses dimensions anthropologiques et politiques.»[68]

En cherchant une trace mnémotechnique de la dimension normative de la communication, on ne peut pas trouver mieux que cette équation de Wolton : «Communication = démocratie = cohabitation»[69]

Le triangle infernal : hommes politiques, journalistes et opinion publique

Pour bien illustrer les rapports et surtout le déséquilibre opéré entre la communication et la démocratie, il est intéressant de dire un mot sur les éléments du triangle infernal en l’occurrence les journalistes, les hommes politiques et l’opinion publique. Comme les temps ont beaucoup changé pour les hommes politiques dont l’action devient minime dans un monde rempli de contraintes pour eux. Certaines des limites de leur manœuvre sont explicitées dans cette affirmations de Wolton : « les hommes politiques des pays occidentaux sont élus pour une durée courte, avec une marge de manœuvre faible, dans des sociétés bureaucratisées, où la souveraineté nationale est fortement écornée par l’Europe et la mondialisation.»[70]

Dans ce nouveau climat résultant de l’envahissement de l’information, l’homme politique se trouve accablé par les événements, par les rumeurs et par les journalistes. Il passe son temps à démentir les infox au profit du temps de l’action politique. Il est ainsi englouti par cette vague qui le fait passer de l’action et de la recherche des solutions à la défense. Dans ce cadre, «c’est une véritable sociologie de l’homme politique broyé par la communication triomphante qu’il faudrait faire aujourd’hui.»[71]

La rapidité de la circulation des informations ne déstabilise pas seulement l’homme politique mais elle fait perdre la confiance du citoyen en sa capacité de changer sa vie. En effet, «le décalage entre la rapidité de l’information et la lenteur de l’action crée un malaise, parfaitement perçu par le citoyen.»[72]

Cette hypermédiatisation accentuée par les chiffres et les sondages a largement brouillé la place des hommes politiques qui «abusent de la langue de bois»[73] pour sauver la face et minimiser les dégâts. Ces grands perdants de ce déséquilibre sont «devenus spécialistes de la communication spectacle.»[74]

Cet inversement des rapports de force provoque un grand rétrécissement de l’espace public et porte atteinte à la démocratie qui exige une sorte d’équilibre entre les éléments du triangle infernal pour être en bonne santé. Pour cela, «il est certain que les journalistes, grands bénéficiaires du mouvement actuel, devraient desserrer l’étau sur la classe politique, car les deux camps ne sont plus à armes égales.»[75]

Outre l’influence des journalistes, un autre moyen alourdit la tâche des hommes politiques, c’est celui des sondages comme étant représentatifs de l’opinion publique alors qu’ils la mystifient véritablement. Mais comme ils sont généralement biaisés et orientés, c’est-à-dire qu’ils ne sont pas fiables ; il faut chercher d’autres moyens pour remédier à leur insuffisance. «L’information des sondages a toujours besoin d’être complétée par d’autres éléments et restituée par rapport à la commande.»[76]

Ce déséquilibre flagrant provoque un affaiblissement de l’action politique. Au lieu de corriger la classe politique, les journalistes et les sondages inventent une réalité médiatique basée sur l’image et le discours et non sur l’action et la concrétisation des projets. «L’omniprésence des sondages accentue alors la culture de l’instantané, où se succèdent à un rythme effréné événements, sondages, informations, comme dans une sorte de gigantesque jeu de questions-réponses.»[77]. Cela dit que l’information et les sondages ont conduit au résultat inverse de ce qu’ils visaient au départ. Au lieu d’assurer une meilleure visibilité à l’espace public en permettant aux hommes politiques de bien saisir la réalité et aux citoyens de les critiquer raisonnablement, ils ont noirci la situation «en brouillant les visions et en provoquant une surexposition au court terme.»[78]

Ce déséquilibre est redoutable aussi bien pour la démocratie que pour la société. Les hommes politiques se trouvent face à une réalité médiatisée, fausse image de la réalité des citoyens à cause de l’hypermédiatisation. C’est pour cela que «les crises sociales sont toujours aussi inattendues et violentes.»[79]

Cependant, pour rééquilibrer sa situation et restaurer la confiance du citoyen, il y aura toujours une marge de manœuvre. D’abord, les hommes politiques doivent restituer leur rôle et leur efficacité en accomplissant des actes réels et concrets. «Il s’agit d’abord de desserrer ‘’l’étau de l’événement’’ qui pèse sur eux par le biais des médias et des sondages, et de revaloriser leur rôle, qui n’est pas de gérer la communication politique mais d’agir sur la réalité.»[80]

Ce rééquilibrage passe aussi par une sorte de réconciliation entre l’homme politique et le citoyen et cela ne peut se réaliser que si l’homme politique exprime sa modestie «en montrant sa faible marge de manœuvre»[81]. Dans ce cadre, la politique de la proximité et la valorisation des élites locales paraissent indispensables. «Revaloriser la politique par rapport à la communication, c’est d’abord de la part des dirigeants politiques, donner le sentiment aux militants et sympathisants que le sens de la politique n’est pas dans les palais nationaux et internationaux.»[82]

En outre, pour que les médias justifient leur fonction et mieux intéresser les citoyens, il est important qu’ils élargissent les opinions et les prises de position. Pourquoi ? «Elargir le cercle, élargir les mots, les références, les vocabulaires, susciterait de la curiosité, créerait des surprises et conforterait les journalistes dans leur rôle de ‘’découvreurs de talents’’.»[83]

Il est clair que ces trois légitimités, en l’occurrence les hommes politiques et les universitaires et académiciens, sont indispensables pour introduire un peu d’ordre et de transparence dans l’espace public mais il faut reconnaître que les grandes mutations du monde de l’information leur font perdre un peu de leur prestige et de leur statut. Leur situation devient plus compliquée qu’autrefois. Cela appelle une révision et un remaniement très perceptibles de leurs rôles actuels. Pour ce qui est des médias et des acteurs dans ce domaine, «la mondialisation de l’information va accentuer le décrochage entre le journaliste et son opinion publique nationale»[84]. Pour sauvegarder la liberté et la crédibilité de ce champ, l’auteur propose qu’il lui est attribué une attention particulière internationale. Il dit à ce propos : «demain, pour la paix, l’information mérite bien que l’on essaie de la protéger par une convention internationale.»[85]

La situation des hommes politiques n’est pas moins grave. «Ils sont encore plus déstabilisés et dévalorisés que les journalistes.»[86]. La place qui leur est traditionnellement consacrée est occupée par des gens de tout acabit. Tout le monde parle politique et l’homme politique n’est plus à même d’impacter le grand public et l’orienter dans telle ou telle direction. «La pythie de l’opinion publique devient un tyran. L’homme politique semble à sa traîne et non devant elle… Elle devient le pouvoir, versatile, interactive, figure d’un «peuple» qui s’invite partout et qu’on fait parler par l’intermédiaire des sondages.»[87]

Le champ de la connaissance, quant à lui, est appelé à se remodeler continuellement pour pouvoir saisir toute la complexité de la réalité sociale, culturelle et politique d’un monde en perpétuelle reconfiguration et pour lequel les théories et les modèles traditionnels ne sont ni valides ni valables. «Le XXI siècle est la revanche des sciences humaines par rapport au positivisme technique et économique du XX.»[88]. La société de l’information et de la communication interpelle crucialement les sciences de l’homme et de la société qui doivent conjuguer leurs efforts, leurs méthodes et leurs modèles dans le cadre de l’interdisciplinarité. «Ces disciplines connaissent les difficultés des rapports savoir-pouvoir-communication ; la nécessité de la cohabitation des savoirs et l’obligation de l’interdisciplinarité.»[89]

La communication, condition essentielle de l’espace public et de la communication politique

Pour approfondir la recherche entre la communication et la politique, il est nécessaire de mettre l’accent sur « les rôles de l’espace public et de la communication politique, qui sont les outils indispensables pour penser et gérer la démocratie de masse.»[90]

Espace public : définition et caractéristiques

Dans la démocratie moderne, presque toutes les grandes questions se débattent, s’affrontent et se négocient. La vie quotidienne est tellement politisée qu’un espace symbolique s’est créé avec le temps comme lieu qui cadre les débats tous azimuts. Cet espace s’appelle d’ores et déjà l’espace public. Dominique Wolton en donne la définition suivante : « l’espace public est l’espace symbolique où s’opposent, et se répondent, les discours pour la plupart contradictoires, tenus par les différents acteurs politiques, sociaux, religieux, culturels, intellectuels, composant une société»[91]

La naissance de ce concept remonte au Siècle des Lumières lorsque les contradictions entre la société civile et l’Etat étaient pointues et indépassables. Pour remédier à cette situation de confrontation sanglante et en vue de réorganiser une société déréglée, l’espace public s’est progressivement constitué. Wolton nous fait remarquer que « c’est une zone intermédiaire qui s’est constituée au moment des Lumières – Kant est le premier à en parler – entre la société civile et l’Etat. Elle est donc liée au double phénomène de laïcisation et de rationalisation de la société »[92]

Le grand mérite dans la réutilisation de ce concept revient à Habermas qui le tire des profondeurs de l’histoire pour l’employer dans le contexte de l’après-guerre du siècle dernier en vue répondre au besoin théorique de forger des outils aptes à analyser les modèles démocratiques en gestation de l’époque. C’est donc un concept « redécouvert dans les années 1960, notamment par Jurgen Habermas, après avoir été introduit dans la pensée politique par Kant, il était devenu la référence de ceux qui voulaient défendre et promouvoir la démocratie pluraliste contre les tenants des divers modèles socialistes, marxistes ou communistes »[93]

Il convient de mentionner que cet espace était au départ physique et lié à l’émancipation de l’individu. Il signe donc la date de naissance de la personne et le début de la séparation entre l’individu, la monarchie et le pouvoir religieux. Il se rapporte en quelque sorte au berceau de la démocratie. Wolton, en le distinguant de l’espace commun, dit à ce propos : « l’espace public est lui aussi au départ un espace physique : celui de la rue, de la place, du commerce et des échanges. C’est seulement plus tard, à partir des XVI et XVII siècles, que cet aspect physique devient symbolique avec la séparation du sacré et du temporel, et la progressive reconnaissance du statut de la personne et de l’individu face à la monarchie et au clergé [94]»

Dans ce sens, on note que l’espace public se taille une place importante avec le temps et va de pair avec la démocratie de masse comme le fait remarquer l’auteur dans cette citation : « le concept d’espace public, espace symbolique où se croisent et s’entrechoquent les discours de toutes natures, nécessaire au fonctionnement de la démocratie de masse, est aujourd’hui davantage accepté. Il est presque devenu légitime »[95]

Il importe de préciser aussi que sa fonction est incontournable dans la gestion, l’organisation et la cohabitation de tous les intervenants et les acteurs. « Son existence pratique s’est finalement imposée pour définir un cadre symbolique au sein duquel penser la cohabitation du discours politique, la pression des médias et de l’opinion publique »[96]

Soulignons de passage que l’espace public se distingue de l’espace commun et de l’espace politique à bien des égards. Cependant, les rapports qui se dressent entre ces différents espaces sont visibles. D’abord, «pas d’espace public sans l’existence, au préalable, d’un espace commun dont la figure est donnée par les échanges commerciaux, avec l’équivalent universel de la monnaie, qui compense l’hétérogénéité des langues.»[97]

L’espace commun se définit donc par la présence d’un territoire et des relations. « Un espace commun est à la fois physique, défini par un territoire, et symbolique, défini par les réseaux de solidarité.»[98]

Quant à l’espace politique, il est donc la conséquence de l’espace public. Il est le lieu le plus étroit de ces espaces mais le plus décisif parmi eux. Il est la source des actions et des décisions. Ses propriétés et ses relations avec les autres espaces sont clarifiées dans cette citation : «l’espace public est évidemment la condition de naissance de l’espace politique, qui est le plus ‘’petit’’ des trois espaces au sens de ce qui y circule. Dans cet espace, il ne s’agit pas de délibérer, mais de décider et d’agir. Il est lié au pouvoir. Il y a toujours eu un espace politique, simplement la spécificité de la politique moderne démocratique réside dans son élargissement, au fur et à mesure du mouvement de démocratisation.»[99]

Pour résumer les relations et les distinctions qui s’opèrent entre ces trois espaces, on se sert de l’expression suivante de Wolton : « l’espace commun concerne la circulation et l’expression ; l’espace public, la discussion ; l’espace politique, la décision.»[100]

L’élargissement de l’espace public dans sa forme actuelle et la légitimité de laquelle il dispose ne doivent pas nous faire oublier qu’il y avait « un espace public aristocratique limité dans le nombre des participants, organisé sous d’autres formes d’expression»[101] depuis le Siècle des Lumières. Cependant, il est intéressant de rappeler que les paramètres essentiels de l’espace public démocratique sont «l’avènement d’un système public pluraliste, le règne de l’individu, le principe de la laïcité, la liberté d’expression.»[102]

Par ailleurs, il ne faut pas perdre de vue que l’émergence de l’espace public est liée à la montée en puissance de la société individualiste de masse, à l’émergence du modèle de la société ouverte, de la mondialisation de la communication et de l’extension de la sphère politique. Ces transformations sont derrière la naissance des sociétés ouvertes[103]. «Cela permet de comprendre le caractère fragile et complexe de l’espace public démocratique.»[104]

Les changements rapides des sociétés contemporaines ont fait que «l’espace public symbolise l’équilibre fragile entre société civile et espace politique. C’est de là qu’il faut partir pour éviter de réifier l’espace public, donc de croire résolu le problème de cet équilibre.»[105]

La présence d’un espace public sous une forme quelconque ne veut nullement dire que la société a radicalement coupé avec son passé et sa tradition. Au contraire, l’espace public est «une sorte de ‘’cache-sexe’’ de multiples ruptures sociologiques, culturelles et politiques que nous avons du mal à analyser.»[106]

Pour remédier à sa fragilité remarquable et pour améliorer son fonctionnement et rationaliser ses rôles et ses fonctions, «il faut donc rouvrir une discussion, et pour cela revaloriser à chaque fois l’autre terme du couple constitutif de l’espace public. Il s’agit du privé dans le couple privé-public ; du territoire dans le couple territoire-espace ; de l’expérience dans le couple expérience-action ; de la tradition dans le couple tradition-modernité.»[107]. Si l’on a bien compris cela, il s’agit bien d’une sorte de modération qui doit accompagner la modernité vertigineuse, envahissante et radicale qui affecte les société modernes. C’est en quelque sorte la redécouverte de l’Histoire, de la Géographie et de l’Homme.

Pour que cela se réalise, cinq chantiers doivent être ouverts :

L’argumentation : il est incontestable que la communication dans l’espace public est inséparable de l’argumentation mais cette dernière «demeure le trou noir, l’impensé de l’espace public, alors qu’elle en est peut-être la condition stricte de son fonctionnement»[108]. Wolton rend visible le paradoxe qui se dresse entre la communication et l’argumentation en disant : «tout le monde s’intéresse à la communication, presque personne à l’argumentation.»[109]. De ce fait, l’argumentation est la condition de base de toute cohabitation et le discours devient essentiel pour la démocratie et la politique. En effet, «qui dit cohabitation de valeurs, de représentations et d’intérêts contradictoires, dit ouverture d’un espace discursif. La bataille des mots est essentielle pour éviter celle des autres.»[110]

Retravailler ce concept et aiguiser sa fonction consiste à refonder la communication et la sauver comme le stipule l’auteur dans cette réflexion : «on ne sauvera la communication qu’en approfondissant simultanément la connaissance des changements qui en résultent du côté de la rhétorique et de l’argumentation. C’est ainsi que l’on évitera la réduction de la communication à une seule logique expressive et narcissique.»[111]

L’opinion publique : une réflexion théorique sur sa définition et sur la manière de sa constitution dans un univers surinformé et médiatisé est nécessaire. Le problème de la disjonction entre l’opinion et la confiance, lui aussi, doit être revu et réexaminé.

La frontière : dans un monde obsédé par l’ouverture et les relations, le rappel des frontières, qui s’impose sans cesse et depuis toujours, est perçu comme rétrograde. En effet, «la frontière est le symétrique de l’ouverture. Mais évoquer le simple mot de frontière dans le concert communicationnel ambiant suffit à vous faire ranger dans le camp des obscurantistes.»[112]

Le modèle de représentation : ce modèle soulève deux questions très épineuses et très ardues. La première est «celle de la concurrence entre représentation médiatique et politique.»[113] quant à la seconde, elle concerne «la difficulté à dégager un principe de représentation des forces sociales et culturelles structurant la société.»[114]

La réalité du citoyen : l’expérience et la vie concrète des gens constituent le cœur de la politique. Il n’y a pas de politique faite uniquement via les réseaux ou à distance. Derrière l’arsenal technique il y a des attentes et des vœux. «Plus la politique devient mondiale, symbolique, globale, à distance, plus elle doit être compensée par l’expérience. Sinon, l’édifice de l’espace public s’effondre, mais aussi, finalement, le modèle de la démocratie pluraliste.»[115]

Si l’on veut schématiser sommairement l’espace public, on pourrait le concevoir comme une zone tampon ou un carrefour entre la tradition et la modernité, entre le civil et le politique. La condition sine qua non de sa performance et de son bon fonctionnement est de ne pas signer de divorce définitif avec les valeurs du passé. Sa validité est tributaire du rééquilibrage qui doit être effectué en réexaminant et en repensant les cinq points cité plus haut.

Pour bien distinguer cet espace de la communication politique qu’on présentera plus tard, il convient de mentionner que l’espace public traite des problèmes de la politique comme il peut porter sur tous les sujets en rapport avec la chose publique. «Celui-ci est consubstantiel à l’existence de la démocratie. Son principe d’organisation est lié à la liberté d’expression et s’il contient des thèmes politiques, il en contient bien d’autres puisqu’il est d’abord le lieu d’expression et d’échange de tout ce qui concerne la chose publique.»[116]

Communication politique : définition, caractéristiques et enjeux

La communication politique est l’âme-sœur de la démocratie de masse. Elle est liée à la mainmise des médias et des sondages. Elle est «le lieu d’affrontement symbolique des discours portés par les trois enjeux légitimes que sont les acteurs politiques, les médias et les journalistes, l’opinion publique et les sondages.»[117]

Cette communication est considérée comme indice de bonne santé de la politique et de l’espace public. Wolton explique ce point dans ce propos : «la communication politique m’apparaît donc exactement comme le contraire d’une dégradation de la politique, mais comme la condition du fonctionnement de notre espace public élargi.»[118]

La définition de la communication politique présente cinq avantages

-L’interaction : il s’agit en fait du heurt des légitimités des trois acteurs à savoir les acteurs politiques, les sondages et les médias. «C’est leur interaction qui est constitutive de la communication politique, celle-ci étant définie moins comme un espace de ‘’communication’’ que comme un espace de ‘’confrontation’’ de points de vue contradictoires.»[119]

L’originalité : elle réside dans le fait de «gérer les trois dimensions contradictoires et complémentaires de la démocratie de masse, la politique, l’information et la communication.»[120]. Historiquement, la politique et l’information ont devancé l’émergence de l’opinion publique et de la communication. Rappelons aussi que les intellectuels, les experts, les techniciens et les technocrates ne sont pas impliqués directement dans la communication politique mais ce sont, par contre, ses «partenaires silencieux»[121]

Les sujets font l’objet d’affrontement : la communication politique ne porte pas sur tous les sujets actuels de la politique mais elle sélectionne seulement ceux qui divisent les avis des acteurs concernés. «Seuls y figurent ceux qui font l’objet de conflits et d’affrontements.[122]»

-Revaloriser la politique par rapport à la communication : la démocratisation et l’élévation du niveau de vie ont fait que la communication empiète sur le domaine de la politique. De plus, «la communication n’a pas ‘’digéré’’ la politique car c’est plutôt la politique qui se joue aujourd’hui sur un mode communicationnel »[123]. Cela nécessite une réhabilitation de la politique par rapport à la communication galopante et engloutissante.

Le public n’est pas absent de cette interaction : hormis les acteurs politiques et les médias, le public reste incontestablement le troisième pôle essentiel de la communication politique sinon le constituant sans lequel la politique et la communication perdent leur sens. «La communication politique n’est pas seulement l’échange des discours de ’’la classe politique et médiatique’’, l’on y trouve également une présence réelle de l’opinion publique par l’intermédiaire des sondages et des manifestations publiques de tous ordres.»[124] mais il faut souligner tout de même que «l’opinion publique ne se réduit pas aux sondages.»[125]

De cette manière, «la communication politique apparaît comme la scène sur laquelle s’échangent les arguments, les pensées, les passions, à partir desquels les électeurs font régulièrement leur choix.»[126]

On a donc vu que la communication politique est nécessaire au fonctionnement de l’espace public. Elle résulte de la confrontation des trois discours différents ayant un rapport avec la politique : l’action et l’idéologie pour les hommes politiques, l’information pour les journalistes et la communication pour l’opinion publique et les sondages. «Le caractère antagonique de chacun de ces trois discours résulte du fait qu’ils n’ont pas le même rapport à la légitimité, à la politique et à la communication»[127]

Ces différentes légitimités constituent la caractéristique principale de la communication politique. En effet, «pour les hommes politiques, la légitimité résulte de l’élection.»[128]. Quant aux journalistes, leur légitimité «est liée à l’information qui a un statut évidemment fragile puisqu’il s’agit d’une valeur, certes essentielle, mais contournable qui autorise à faire le récit des événements et à exercer un certain droit de critique.»[129]

La légitimité du public émane de son influence sur les élections et son rôle consistant à choisir les hommes politiques. «Pour les sondages, ‘’représentants’’ de l’opinion publique, la légitimité est d’ordre scientifique et technique»[130]

De cette manière, la communication politique est assimilée à une machine dressée entre la société et le système politique, elle sélectionne les thèmes conflictuels de la société et les intègre dans l’interface constituée par les trois discours différents desquels on a parlé précédemment. Puis elle rejette les thèmes objet de consensus entre les différents acteurs pour convoquer d’autres soulevés par la société. Et du coup «le rôle essentiel de la communication politique est d’éviter le renfermement du débat politique sur lui-même en intégrant les thèmes de toute nature qui deviennent un enjeu politique… elle apporte la souplesse nécessaire au système politique.»[131]

Les intérêts de la communication politique sont très nombreux mais contenons-nous de citer les plus importants.

C’est le moteur de l’espace public : généralement la démocratie est le fruit d’un espace public bien structuré. Ce dernier ne peut s’organiser qu’à travers l’interaction des discours qui le constituent et partant la communication politique est «la preuve qu’il n’y a pas d’antagonismes indépassables entre les groupes sociaux, la communication politique impliquant l’échange, donc la reconnaissance de l’autre, c’est-à-dire de l’adversaire.»[132]

Cette communication est le garant d’un rééquilibrage des discours antagonistes traversant le système politique. Elle cherche à «déplacer l’éternelle question de la tyrannie des médias et des sondages.»[133]

L’importance des acteurs derrière les discours : il s’agit ici de se rendre à l’expérience et au vécu car derrière les logiques contradictoires des discours meublant l’espace politique se trouvent des acteurs. Cette communication est de ce fait «l’espace où ils (les acteurs) peuvent s’opposer, sans mettre en cause le fonctionnement de la démocratie moderne.»[134]

L’autonomie des trois logiques : il est à rappeler que la séparation qui s’est produite entre les trois logiques de la politique, de l’information et de la communication est très importante du point de vue de la démocratie. C’est un processus qui s’est étalé sur plusieurs siècles.

Une conception dynamique : l’équilibre entre les trois logiques est fragile et instable. Il faut s’attendre à un déséquilibre à tout moment. «C’est pourquoi la communication politique est un modèle d’analyse dynamique et constitue un révélateur de l’état du système politique.»[135]

Le signe d’une certaine maturité : dans les démocraties modernes, il est clair que la démocratie domine mais il faut remarquer que «la communication ne se substitue pas à la démocratie mais lui permet d’exister.»[136]. De ce point de vue, la rencontre et la confrontation des discours différents est la condition de l’émergence d’un modèle démocratique de fond. Cela permet de dire que «la communication politique est le signe d’un bon fonctionnement de la démocratie et d’une certaine maturité politique.»[137]

La complexité des relations

Les relations entre espace public et communication politique, d’ailleurs très compliquées, révèlent trois grandes contradictions.

La première résulte du décalage très flagrant opéré entre la performance des techniques et la vitesse de la circulation des informations et de l’autre côté la compréhension de l’autre et la lenteur de l’action. «Les performances de l’information ne suffit pas à créer la confiance dans la communication ni dans la capacité à rapprocher les points de vue. Ce décalage anthropologique augmente avec la mondialisation.»[138]. Pour abréger, on peut dire que «l’action est toujours plus lente et compliquée que l’information.»[139]

La deuxième contradiction est issue du fait que le bombardement technique et médiatique n’a pas créé assez de différences, au contraire il tend à uniformiser les hommes et les pensées. Autrement dit, «l’augmentation considérable du nombre de techniques en cinquante ans ne favorise pas pour autant plus de diversité dans l’offre. C’est même l’inverse. Le conformise se renforce avec le nombre de canaux.»[140]

Cette contradiction renforce l’attachement à la technique au détriment de la perte des idéologies traditionnelles. «C’est aussi cela l’idéologie technique : transférer sur les services offerts par des techniques le soin de changer les rapports humains.»[141]

La troisième contradiction est la conséquence du décalage entre l’illusion de la société du direct ou du transparent et la connaissance et la culture. C’est donc l’ «illusion du direct et de la transparence qui réduit le temps pour penser et travailler, délégitime toutes les professions intermédiaires.»[142]

Pour corriger cette situation où tout bascule vers le technique, il faut revaloriser la culture et la connaissance comme le dit Wolton : «plus on va vite, donc sans culture et avec pour principal support l’information, plus il faut réintroduire le temps de la réflexion et celui de la compétence, donc des connaissances.»[143]

Il importe de préciser que l’espace public et les communications sont deux dispositifs nécessaires à l’analyse des grandes questions tant nationales que mondiales. La question majeure qu’il faut revoir est donc «la place de l’autre, au sein des Etats-nations, tout autant que dans la mondialisation.»[144]

Il est donc très intéressant de remarquer comment les questions nationales et internationales sont posées aux différents acteurs et comment les rapports s’étagent pour résoudre les équations d’actualité. Et c’est à Wolton de conclure : «les espaces publics nationaux sont les ‘’intermédiaires ‘’ nécessaires pour aborder la mondialisation, comme l’ensemble des institutions et des professions le sont au sein des Etats-nations, pour éviter l’illusion d’une société transparente et interactive. Les techniques sont en ligne, les hommes et les sociétés, jamais.»[145]

Pour conclure, force est de dire que la vision originale de la communication à la Wolton exige une longue éducation et un ferme engagement puisqu’elle est aux balbutiements de son expansion. De grands efforts devraient être déployés pour convaincre les responsables et les dirigeants de son efficacité pour faire régner la paix et la sécurité dans ce monde taraudé par les malentendus et les guerres. L’auteur est très conscient de la difficulté de l’entreprise qu’il a échafaudée. Son propos illustre parfaitement cela : « cette conception de la communication que je défends, minoritaire, d’abord humaine et politique avant d’être technique et économique, illustre très bien cet optimisme mâtiné de réalisme. D’ailleurs, vivre, c’est communiquer, désespérément. Chercher à aimer, à être compris, même si cela n’est pas fréquent. »[146]

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Citation :

  1. – Pour de plus amples informations sur l’auteur et ses écrits, il est préférable de consulter Dominique Wolton – Directeur de recherche au CNRS, directeur de la revue internationale Hermès, président du Conseil de l’éthique publicitaire (CEP) où l’on a sélectionné ces quelques bribes, Licencié en droit et diplômé de l’Institut d’études politiques de Paris, docteur en sociologie, Dominique Wolton a fondé en 2007 l’Institut des sciences de la communication du CNRS (ISCC). Il a également créé et dirige la Revue internationale Hermès depuis 1988 (CNRS Éditions). Elle a pour objectif d’étudier de manière interdisciplinaire la communication, dans ses rapports avec les individus, les techniques, les cultures, les sociétés. Il dirige aussi la collection de livres de poche « Les Essentiels d’Hermès » et la collection d’ouvrages « CNRS Communication » (CNRS Éditions). En quarante ans de recherche, Dominique Wolton a exploré dix grands thèmes : L’individu, la famille, les relations interpersonnelles Travail et technique Médias et opinion publique Espace public et communication politique  Information et journalisme  Internet et le numérique Europe ; politique, culture, anthropologie Diversité culturelle et mondialisation. Langues romanes et aires culturelles Rapports sciences-techniques-société  Information, communication et épistémologie de la connaissance
  2. – Dominique Wolton, Informer n’est pas communiquer, CNRS Editions, Paris, 2021, p.12
  3. – Dominique Wolton, Informer n’est pas communiquer, CNRS Editions, Paris, 2021, p.11
  4. – Dominique Wolton, Informer n’est pas communiquer, CNRS Editions, Paris, 2021, p.10
  5. – Dominique Wolton, Communiquer pour vivre, le Cherche midi, 2016, p.33
  6. – Dominique Wolton, Communiquer pour vivre, le Cherche midi, 2016, p.22
  7. – Dominique Wolton, Communiquer pour vivre, le Cherche midi, 2016, p.22
  8. – Dominique Wolton, Communiquer pour vivre, le Cherche midi, 2016,p.34
  9. – Dominique Wolton, Communiquer pour vivre, le Cherche midi, 2016,p.34
  10. – Dominique Wolton, Communiquer pour vivre, le Cherche midi, 2016,p.80
  11. – Dominique Wolton, Communiquer pour vivre, le Cherche midi, 2016,p120
  12. – Dominique Wolton, Communiquer pour vivre, le Cherche midi, 2016,pp.121-122
  13. – Dominique Wolton, Communiquer pour vivre, le Cherche midi, 2016,p.123
  14. – Dominique Wolton, Communiquer pour vivre, le Cherche midi, 2016,p.123
  15. – Dominique Wolton, Communiquer pour vivre, le Cherche midi, 2016,p.282
  16. – Dominique Wolton, Communiquer pour vivre, le Cherche midi, 2016,p.283
  17. – Dominique Wolton, Communiquer pour vivre, le Cherche midi, 2016,p.123
  18. – Dominique Wolton, Communiquer pour vivre, le Cherche midi, 2016,p.283
  19. – Dominique Wolton, Informer n’est pas communiquer, CNRS Editions, Paris, 2021, p.7
  20. – Dominique Wolton, Informer n’est pas communiquer, CNRS Editions, Paris, 2021, pp.24-25
  21. – Dominique Wolton, Informer n’est pas communiquer, CNRS Editions, Paris, 2021, p.25
  22. – Dominique Wolton, Informer n’est pas communiquer, CNRS Editions, Paris, 2021, p.37
  23. – Dominique Wolton, Informer n’est pas communiquer, CNRS Editions, Paris, 2021, p.39
  24. – Dominique Wolton, Informer n’est pas communiquer, CNRS Editions, Paris, 2021, p.40
  25. – Dominique Wolton, Informer n’est pas communiquer, CNRS Editions, Paris, 2021, p.38
  26. – Dominique Wolton, Informer n’est pas communiquer, CNRS Editions, Paris, 2021, p.38
  27. – Dominique Wolton, Informer n’est pas communiquer, CNRS Editions, Paris, 2021, p.39
  28. – Dominique Wolton, Informer n’est pas communiquer, CNRS Editions, Paris, 2021, p.40
  29. – Dominique Wolton, Informer n’est pas communiquer, CNRS Editions, Paris, 2021, p.41
  30. – Dominique Wolton, Informer n’est pas communiquer, CNRS Editions, Paris, 2021, p.62
  31. – Dominique Wolton, Informer n’est pas communiquer, CNRS Editions, Paris, 2021, p.63
  32. – Dominique Wolton, Informer n’est pas communiquer, CNRS Editions, Paris, 2021, p.64
  33. – Dominique Wolton, Communiquer, c’est négocier, CNRS Editions, Paris, p.183
  34. – Dominique Wolton, Communiquer, c’est négocier, CNRS Editions, Paris, p.183
  35. – Dominique Wolton, Communiquer, c’est négocier, CNRS Editions, Paris, pp.183-184
  36. – Dominique Wolton, Communiquer, c’est négocier, CNRS Editions, Paris, p.185
  37. – Dominique Wolton, Communiquer, c’est négocier, CNRS Editions, Paris, p.27
  38. – Dominique Wolton, Communiquer, c’est négocier, CNRS Editions, Paris, p.12
  39. -Dominique Wolton, Informer n’est pas communiquer, CNRS Editions, 2021
  40. – Dominique Wolton, Communiquer, c’est négocier, CNRS Editions, Paris, p.33
  41. – Dominique Wolton, Communiquer, c’est négocier, CNRS Editions, Paris, p.31
  42. – Dominique Wolton, Communiquer, c’est négocier, CNRS Editions, Paris, p.34
  43. – Dominique Wolton, Communiquer, c’est négocier, CNRS Editions, Paris, p.33
  44. – Dominique Wolton, Communiquer, c’est négocier, CNRS Editions, Paris, p.40
  45. – Dominique Wolton, Communiquer, c’est négocier, CNRS Editions, Paris, p.41
  46. -Voir à titre d’exemple, Samuel P. Huntington, Le Choc des Civilisations, Editions Odile Jacob, Paris, 2005
  47. – Dominique Wolton, Communiquer, c’est négocier, CNRS Editions, Paris, p.34
  48. – Dominique Wolton, Communiquer, c’est négocier, CNRS Editions, Paris, p.90
  49. – Dominique Wolton, Communiquer, c’est négocier, CNRS Editions, Paris, p.107
  50. BRICS (anciennement BRIC) — Géoconfluences (ens-lyon.fr) L’acronyme BRICS désigne le rapprochement de quatre pays aux vastes territoires : le Brésil, la Russie, l’Inde et la Chine, auxquels s’est intégré l’Afrique du Sud en 2011. Depuis 2011, le groupe des BRICS a pris la forme d’une conférence diplomatique à part entière, donnant lieu à un sommet par an, se déroulant à tour de rôle dans chacun des cinq États. Le but de ces sommets est d’affirmer la place majeure de ces pays sur la scène internationale, et de mettre en scène leur poids économique et politique, en particulier au regard d’autres États ou groupes d’États comme les États-Unis ou l’Union européenne.
  51. – Dominique Wolton, Communiquer, c’est négocier, CNRS Editions, Paris, p.117
  52. – Dominique Wolton, Communiquer, c’est négocier, CNRS Editions, Paris, p.89
  53. – Dominique Wolton, Communiquer, c’est négocier, CNRS Editions, Paris, p.35
  54. – Dominique Wolton, Communiquer, c’est négocier, CNRS Editions, Paris, p.34
  55. – Dominique Wolton, Communiquer, c’est négocier, CNRS Editions, Paris, p.173
  56. – Dominique Wolton, Communiquer, c’est négocier, CNRS Editions, Paris, p.149
  57. – Dominique Wolton, Il faut sauver la communication, Flammarion, Paris, 2005,p.140
  58. – Dominique Wolton, Il faut sauver la communication, Flammarion, Paris, 2005,p.139
  59. – Dominique Wolton, Il faut sauver la communication, Flammarion, Paris, 2005
  60. – Dominique Wolton, Il faut sauver la communication, Flammarion, Paris, 2005,p.139
  61. – Dominique Wolton, Il faut sauver la communication, Flammarion, Paris, 2005,p.139
  62. – Dominique Wolton, Il faut sauver la communication, Flammarion, Paris, 2005,p.143
  63. – Dominique Wolton, Il faut sauver la communication, Flammarion, Paris, 2005,p.143
  64. – Dominique Wolton, Il faut sauver la communication, Flammarion, Paris, 2005,p.146
  65. – Dominique Wolton, Il faut sauver la communication, Flammarion, Paris, 2005,p.154
  66. – Dominique Wolton, Il faut sauver la communication, Flammarion, Paris, 2005,p.161
  67. – Dominique Wolton, Il faut sauver la communication, Flammarion, Paris, 2005,p.208
  68. – Dominique Wolton, Il faut sauver la communication, Flammarion, Paris, 2005,p.208
  69. – Dominique Wolton, Il faut sauver la communication, Flammarion, Paris, 2005,p.213
  70. – Penser la communication, p.147
  71. – Penser la communication, p.148
  72. – Penser la communication, p.148
  73. – Penser la communication, p.159
  74. – Penser la communication, p.149
  75. – Penser la communication, p.150
  76. – Penser la communication, p.151
  77. – Penser la communication, pp.151-152
  78. – Penser la communication, p.153
  79. – Penser la communication, p.153
  80. – Penser la communication, p.156
  81. – Penser la communication, p.157
  82. – Penser la communication, p.158
  83. – Penser la communication, p.159
  84. – Dominique Wolton, Il faut sauver la communication, Flammarion, Paris, 2005,p.46
  85. – Il faut sauver la communication, p.47
  86. – Il faut sauver la communication, p.47
  87. – Il faut sauver la communication, p.48
  88. – Il faut sauver la communication, p.49
  89. – Il faut sauver la communication, p.49
  90. – Penser la communication, p.146
  91. – Dominique Wolton, La communication, les hommes et la politique, CNRS Editions, Coll. ‘’Biblis’’, Paris, 2015 ; p.269
  92. – La communication, les hommes et la politique, p.269
  93. – La communication, les hommes et la politique, p.219
  94. – La communication, les hommes et la politique, p.221
  95. – La communication, les hommes et la politique, p.280
  96. – La communication, les hommes et la politique, p.282
  97. – La communication, les hommes et la politique, p.220
  98. – La communication, les hommes et la politique, p.221
  99. – La communication, les hommes et la politique, pp.220-221
  100. – La communication, les hommes et la politique, p.222
  101. – La communication, les hommes et la politique, p.224
  102. – La communication, les hommes et la politique, p.224
  103. – La communication, les hommes et la politique, p.223 (résumé personnel)
  104. – La communication, les hommes et la politique, p.224
  105. – La communication, les hommes et la politique, p.226
  106. – La communication, les hommes et la politique, p.227
  107. – La communication, les hommes et la politique, p.227
  108. – La communication, les hommes et la politique, p.227
  109. – La communication, les hommes et la politique, p.247
  110. – La communication, les hommes et la politique, p.249
  111. – La communication, les hommes et la politique, p.255
  112. – La communication, les hommes et la politique, p.228
  113. – La communication, les hommes et la politique, p.228
  114. – La communication, les hommes et la politique, p.228
  115. – La communication, les hommes et la politique, p.229
  116. – La communication, les hommes et la politique, p.260
  117. – La communication, les hommes et la politique, p.257
  118. – La communication, les hommes et la politique, pp.256-257
  119. – La communication, les hommes et la politique, p.257
  120. – La communication, les hommes et la politique, p.258
  121. – La communication, les hommes et la politique, p.260
  122. – La communication, les hommes et la politique, pp.260-261
  123. – La communication, les hommes et la politique, p.261
  124. – La communication, les hommes et la politique, pp.261-262
  125. – La communication, les hommes et la politique, p.262
  126. – La communication, les hommes et la politique, pp.262-263
  127. – La communication, les hommes et la politique, p.263
  128. – La communication, les hommes et la politique, p.263
  129. – La communication, les hommes et la politique, p.263
  130. – La communication, les hommes et la politique, p.263
  131. – La communication, les hommes et la politique, p.264
  132. – La communication, les hommes et la politique, p.266
  133. – La communication, les hommes et la politique, p.266
  134. – La communication, les hommes et la politique, p.267
  135. – La communication, les hommes et la politique, p.268
  136. – La communication, les hommes et la politique, p.268
  137. – La communication, les hommes et la politique, p.268
  138. – La communication, les hommes et la politique, p.287
  139. – La communication, les hommes et la politique, p.287
  140. – La communication, les hommes et la politique, p.288
  141. – La communication, les hommes et la politique, p.288
  142. – La communication, les hommes et la politique, p.289
  143. – La communication, les hommes et la politique, p.289
  144. – La communication, les hommes et la politique, p.291
  145. – La communication, les hommes et la politique, p.291
  146. – Dominique Wolton, Communiquer c’est vivre, le Cherche midi, 2016,p.282
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