Le rôle du professeur dans l’enseignement du français comme langue étrangère à l’Université Marocaine
Formatrice de Communication et Soft Skills à l’OFPPT et doctorante à l’université Mohammed V Souissi de Rabat
MAROC
Introduction :
Les langues prennent de plus en plus une place importante à l’Université Marocaine. Ainsi, l’enseignement des langues étrangères est mis sur le même pied d’égalité que l’enseignement des matières dites fondamentales. Il serait souhaitable de poser la problématique du rôle du professeur accompagnateur dans cette transformation à la fois pédagogique et didactique. En effet, cette évolution pourrait aider à la fois les enseignants et les apprenants à trouver la meilleure stratégie pour une communication plus fluide et plus efficiente du savoir. Dans cette stratégie, le choix de la langue est primordial. Il doit porter sur une langue proche du vécu réel des étudiants. Il pourrait susciter chez l’étudiant le désir d’apprendre une langue étrangère. Ainsi, il peut découvrir sa culture tout en développant les compétences qui lui permettent d’affronter avec succès les situations de communication. Cette stratégie pourrait mener, avec succès, l’ensemble des intervenants pédagogiques vers le niveau B2, condition indispensable pour l’obtention de leur licence. Comment l’enseignant peut-il développer les compétences de l’étudiant pour qu’il soit capable d’affronter avec succès les situations de communication. L’idée de faire entrer dans la classe une langue proche du « réel » suscite chez l’apprenant le désir d’apprendre une langue étrangère et de découvrir la culture liée à cette langue.
I- Les stratégies d’apprentissage : Elles se définissent en fonction des principes et des concepts clés de l’enseignement du FLE
A. Contenu et signification pédagogique
Dans l’apprentissage du français langue étrangère, une stratégie d’apprentissage est une technique ou une méthode. Il existe des stratégies dans tous les domaines tels que militaire, politique, économique… Il s’agit donc de mettre en place des actions pensées et coordonnées pour atteindre un but, celui de la réussite et de la victoire. Dans notre contexte, la victoire est de réussir à apprendre à communiquer en français. Pour notre étudiant, une stratégie d’apprentissage est donc une technique ou une méthode qu’il utilise pour apprendre à communiquer en français. Il existe plusieurs types de stratégies d’apprentissage, dont les plus importantes sont les suivantes :
– Les stratégies cognitives : c’est la manière dont nous traitons les informations, les organisons et les mémorisons.
– Les stratégies métacognitives : c’est la capacité de réfléchir sur la façon dont on apprend. C’est également l’idée de pouvoir planifier et contrôler son apprentissage.
– Les stratégies socio-affectives : c’est la capacité d’interagir avec une autre personne pour favoriser son apprentissage. L’idée de coopération et de contrôle des émotions est essentielle. Le rôle de l’enseignant est d’aider les apprenants à trouver les meilleures stratégies pour les aider à apprendre, à être plus autonome et indépendant dans leur apprentissage. Grâce à elles, il apprend aussi en dehors de la salle de classe.
B. Les approches liées à l’enseignement d’une langue étrangère
Chaque enseignant est amené à faire des choix, et ces choix vont déterminer d’une part, les contenus de son enseignement, et d’autre part, la façon dont il va les transmettre. Et pour cela, l’enseignant devra toujours avoir entête ces quatre interrogations : Qui ? Quoi ? Pourquoi ? Comment ? C’est-à-dire, à qui j’enseigne ? Pourquoi faire ? Quoi enseigner ? Comment enseigner ? Je voudrais m’attarder sur l’interrogation suivante : comment enseigner ? Cette question forme la quintessence de l’approche communicative. Les méthodes précédant l’approche communicative, mettaient surtout l’accent sur la forme et la structure des langues. Alors que l’objectif premier, de l’approche communicative, est d’apprendre à communiquer en langue étrangère dans une situation de communication contextualisée. Cette dernière prend en compte la notion d’en joindre l’acte à la parole. C’est un moyen utilisé par la personne qui parle (le locuteur) pour agir sur son environnement avec des mots. Quand vous dites « Pouvez-vous ouvrir la fenêtre, s’il vous plaît ? », vous prononcez cette phrase, mais ce que vous faites, c’est « demander à quelqu’un de faire quelque chose », ici, ouvrir la fenêtre.
Comment intégrer cette approche en classe et quel type de document l’enseignant doit-il privilégier ?
Dans le cadre de l’enseignement du français langue étrangère, l’approche communicative donne une place importante aux documents authentiques, ils vont permettre de faire entrer une réalité de la langue et celle de la culture qu’elle véhicule. On appelle « document authentique » tout document ou objet non élaboré à des fins pédagogiques. C‘est, par exemple, un article de presse, un extrait d’une émission de radio, une photo ou une brochure. Ces documents permettent de développer la curiosité et d’introduire une dimension de plaisir à l’apprentissage. Avec l’approche communicative, la priorité est la communication entre des personnes dans un contexte précis, par exemple, faire une démarche administrative ou prendre la parole en public pour convaincre…
L’enseignant introduit la grammaire et le lexique en fonction des besoins et des objectifs d’une situation de communication et non dans le but de faire apprendre des règles grammaticales par cœur ou de réciter des listes de mots.
C. L’approche actionnelle
L’approche actionnelle découle de l’approche communicative, elle reprend les principes de l’approche communicative, mais elle est plus rigoureuse, plus aboutie car plus près de l’authentique : On met réellement en application les principes de la simulation de situations réelles.
L’approche actionnelle est basée sur les actions que l’étudiant réalise en langue étrangère. L’enseignant doit donc considérer l’étudiant comme une personne qui va agir dans la réalité personnelle, publique et surtout professionnelle. C’est un acteur social.
La perspective actionnelle reprend les principes de l’approche communicative, mais elle met l’accent sur la notion de tâche. Dans cette approche, l’étudiant devra mobiliser des compétences qui lui permettent d’agir pour accomplir des tâches qui ne sont pas seulement langagières. La tâche met donc l’étudiant en « action ».
Complémentarité des approches : actionnelle et communicative
– Elles sont centrées sur l’étudiant
– Elles visent à mobiliser l’étudiant physiquement
– Elles utilisent la langue et les textes en contexte
– Elles partent de documents authentiques, quotidiens et actuels.
– Elles qualifient l’enseignant en tant que guide, conseiller et accompagnateur, ne le considèrent pas uniquement comme une autorité savante
– Elles permettent aux étudiants le travail coopératif, du coup, elles développent leur compétence sociale.
II. La condition essentielle pour l’obtention d’une licence
Elle est liée au niveau B2. Le Centre Européen Commun de Référence pour les Langues (CECRL)a publié en 2001 un cadre de référence où il propose six niveaux de compétence en langues étrangères.
A. Contenu des six niveaux de compétence en langues étrangères
– Les niveaux A1et A2 correspondent aux utilisateurs élémentaires ;
– Les niveaux B1 et B2, aux utilisateurs indépendants ;
– Les niveaux C1 et C2, aux utilisateurs expérimentés.
Pour mieux comprendre le contenu de ces niveaux, voici quelques descripteurs correspondant à chacun d’entre eux.
– Au niveau A1, le locuteur a des connaissances linguistiques de base. Il peut communiquer de manière simple, parler de lui-même et de son environnement immédiat.
– Au niveauA2, il peut échanger des informations simples sur des sujets familiers et habituels.
– Au niveau B1, il peut se débrouiller dans la plupart des situations rencontrées en voyage, raconter un événement, une expérience, défendre un projet ou une idée.
– Au niveau B2, il peut communiquer avec aisance et spontanéité dans les situations habituelles. Il est assez autonome pour développer des arguments, pour défendre son opinion, expliquer son point de vue et négocier.
– Au niveau C1, il est autonome. Il peut s’exprimer couramment et spontanément. Il peut sans hésitation tenir un discours clair et bien construit.
– Au niveau C2, il peut comprendre sans effort pratiquement tout ce qu’il lit ou entend. Pour chaque niveau, le cadre européen commun de référence pour les langues décrit des compétences en distinguant cinq activités langagières : Lire, écrire, écouter, parler en continu et parler en interaction.
Le chapitre 2 du CECRL est consacré à la perspective actionnelle : il s’agit d’une nouvelle approche pour apprendre et enseigner les langues vivantes. Schéma descriptif des six niveaux de compétence en langue étrangère :
B. Comprendre la notion de tâche
Tout acteur social accomplit, dans une situation donnée, des actions en vue de parvenir à un résultat déterminé. L’ensemble de ces actions motivées par un besoin suscité par une situation donnée constitue une tâche.
Exemple : l’étudiant doit se préparer à un entretien professionnel.
Ici, nous avons bien un verbe d’action « se préparer » et l’objectif actionnel, c’est de réussir un entretien professionnel. Pour accomplir cette tâche, l’étudiant, doit certainement :
– Répondre à des questions formelles
– Parler de ses études et de son parcours professionnel
– Lister les principaux éléments ou évènements liés à son parcours
– Réaliser l’entretien professionnel
Dans cet exemple, l’étudiant doit faire des choix en fonction de certaines contraintes. Ici, l’important n’est pas seulement d’être capable de communiquer mais d’être capable de mobiliser des connaissances linguistiques (des savoirs) et des capacités langagières (des savoir-faire) pour réaliser la tâche.
Comment l’enseignant peut-il faire pour l’intégrer dans ses pratiques en classe de langue ?
Il pourra proposer aux étudiants des tâches concrètes dans lesquelles ils seront amenés à résoudre des situations à problèmes. Les activités d’enseignement-apprentissage seront donc contextualisées (une situation que chacun de nous pourrait rencontrer dans sa vie professionnelle de tous les jours).
Elles poseront un certain nombre de problèmes :
Elles seront finalisées (l’objectif sera de résoudre les problèmes).
Elles seront complexes (elles nécessiteront la mobilisation de différents savoirs, savoir-faire, savoir-être). Et elles donneront un résultat (langagier).
Ainsi, en apportant des contraintes et en les laissant libres dans le choix des ressources, l’enseignant permettra aux étudiants de développer des stratégies pour qu’ils deviennent de plus en plus autonomes.
Dans l’approche actionnelle, l’étudiant communique pour agir avec une personne et doit comprendre sa culture du quotidien pour interagir avec elle. Donc, pour communiquer dans une langue étrangère, l’étudiant doit acquérir des compétences linguistiques mais aussi une compétence culturelle, puisque tout acte de parole est aussi un acte culturel.
Une langue est une pratique culturelle d’une société dans laquelle les mots possèdent une « charge culturelle partagée », c’est à-dire une charge culturelle commune à tous les membres d’une culture.
La culture est composée de deux parties : une partie visible (la cuisine, les traditions, la littérature etc.) et une partie cachée (les croyances, les valeurs, etc.) Dans l’enseignement-apprentissage du français langue étrangère, l’enseignant ne devra pas seulement apporter des contenus culturels mais il devra aider l’étudiant à décoder certains comportements culturels et à les comprendre.
III. Le nouveau rôle de l’enseignant
A. Pendant le cours, l’enseignant est…
– Facilitateur d’apprentissage : il présente les objectifs du cours. Il aide les apprenants à acquérir des stratégies d’apprentissage et à devenir autonomes ;
– Il est expert : il donne des explications sur l’utilisation de la langue, répond aux questions, tranche en cas de doute sur un point précis, il rassure les apprenants;
– il est animateur : il invite les apprenants à réaliser les exercices, il anime les activités de communication orale ou écrite, les débats, les jeux de langue. Il s’efforce de rendre le cours agréable et productif ;
– Il est technicien : il utilise les équipements disponibles dans la salle de classe (lecteur de CD, vidéoprojecteur, ordinateur, tableau numérique interactif) ;
– Il est évaluateur : il évalue le progrès et les difficultés des apprenants ainsi que son propre travail, il gère le contrôle continu et les examens.
Comme dans tout métier, l’enseignant de langue cherchera aussi à développer ses compétences tout au long de sa vie professionnelle. Il développera par exemple, ses savoirs, c’est-à-dire les contenus qu’il doit enseigner ;
Sons avoir-être, autrement dit, l’attitude qu’il adoptera en fonction de chaque public ;
Son savoir-faire, c’est-à-dire sa capacité à utiliser différents moyens pour aider les apprenants à apprendre.
B. L’apport des Sciences de l’Information et de la Communication
L’approche pédagogique dans l’enseignement devrait suivre les changements réalisés par les SIC (Sciences de l’Information et de la Communication) dans l’Internet depuis sa création. Au début, leWeb1.0 avait une forme linéaire de communication. Il proposait sur des sites des savoirs que les usagers devaient utiliser sans aucune réaction. Ils avaient un comportement passif. Par contre le Web 2.0, plus récemment, propose une approche plus dynamique où l’usager est plus actif. Il réagit aux informations proposées par les sites Web. Il devient un acteur principal dans la diffusion de l’information et dans la communication. La communication prend une forme pluridimensionnelle.
Conclusion
Cette transformation est primordiale pour l’enseignement des langues dans l’université marocaine. Il était temps de s’adapter aux nouvelles conditions de l’apprentissage des langues à l’échelle internationale. Elles demandent de l’audace, de l’abnégation et beaucoup de travail de la part des enseignants chercheurs. E
En effet, il s’agit d’une nouvelle vision dans l’enseignement des langues. Les autorités de tutelles doivent s’investir également pour encourager les enseignants en leur permettant, particulièrement, d’accéder facilement aux nouvelles technologies de l’information et de la communication.