L’état culturel au Maroc

   Hanane HAMDAOUI

Membre au sein du Laboratoire du Patrimoine Culturel et Développement
(FLSHO)

Résumé

L’évolution de la culture au Maroc, est influencée par des arrivées culturelles variées et intégrées dans la Constitution de 2011, qui valorise l’ouverture, la tolérance et le dialogue interculturel. Depuis les années 1960, la culture marocaine a évolué, passant d’un patrimoine folklorique à une industrie créative sous le règne du Roi Mohammed VI. La culture est reconnue comme un vecteur de développement économique, avec des investissements importants et une reconnaissance croissante de son rôle par les organisations locales et internationales. Le Maroc abrite de nombreux festivals et événements culturels, renforçant son attractivité touristique et contribuant au développement local. Ces événements encouragent la créativité, attirent des visiteurs et des investissements, et améliorent l’image des destinations. Ils génèrent également des emplois, soutiennent l’économie locale et favorisent l’inclusion sociale. La stratégie culturelle du Maroc, articulée autour de “Maroc Culturel 2020” et “Patrimoine 2020”, vise à garantir des infrastructures culturelles dans les communes, à soutenir les créateurs et à préserver le patrimoine. Malgré des avancées significatives, des défis subsistent, notamment la centralisation de l’offre culturelle et le manque de formation et de statut pour les professionnels de la culture. Le texte souligne, aussi, l’importance de la culture dans le développement économique durable, illustré par des projets ambitieux comme les théâtres de Rabat et de Casablanca et le Musée Mohammed VI d’Art Moderne et Contemporain. Le Maroc aspire à intégrer la culture dans la routine quotidienne de ses citoyens et à utiliser le tourisme culturel pour valoriser son patrimoine et soutenir l’économie locale.

Abstract

The evolution of culture in Morocco is shaped by diverse cultural influences and is embedded in the 2011 Constitution, which emphasizes openness, tolerance, and intercultural dialogue. Since the 1960s, Moroccan culture has transitioned from folklore to a creative industry, particularly under King Mohammed VI, who has recognized culture as an economic development driver. Significant investments and growing recognition from local and international organizations have bolstered this sector. Morocco hosts numerous cultural festivals and events that enhance its tourism appeal and contribute to local development. These events foster creativity, attract visitors and investments, and improve the destinations’ image. They also create jobs, support the local economy, and promote social inclusion. Morocco’s cultural strategy, encapsulated in “Maroc Culturel 2020” and “Patrimoine 2020,” aims to provide cultural infrastructure in communities, support creators, and preserve heritage. Despite significant progress, challenges remain, including the centralization of cultural offerings and the need for training and status for cultural professionals. The text also highlights the importance of culture in sustainable economic development, demonstrated by ambitious projects such as theaters in Rabat and Casablanca and the Mohammed VI Museum of Modern and Contemporary Art. Morocco aspires to integrate culture into its citizens’ daily lives and leverage cultural tourism to enhance its heritage and support the local economy.

Introduction

Le Maroc est au centre de plusieurs influences variées. Notre Royaume a longtemps été alimenté par les arrivées successives, de cultures diverses. Cette diversité se traduit dans les diverses manifestations artistiques du Royaume et a été honorée à travers la Constitution de 2011 qui interpelle son inclination : « aux valeurs d’ouverture, de modération, de tolérance et de dialogue pour la compréhension mutuelle entre toutes les cultures et les civilisations du monde ».[1]

La création culturelle a foisonné depuis déjà un long moment au Maroc, (le premier théâtre voit le jour à Rabat en 1962. Sous la monarchie de Feu Sa Majesté le ROI Hassan II. Le concept de la culture ne rassemblait que l’élément patrimonial, folklorique, marquée principalement par des productions littéraires et artistiques :

La culture fait partie du patrimoine, elle touche ainsi les sites historiques, les fêtes locales, l’artisanat, les festivals traditionnels et Moussems qui commémorent la culture populaire. L’émancipation et la réglementation du secteur de la culture au Maroc a pris du retard. En effet, la première action d’autonomie de l’activité culturelle date de l’année 1985, sous la tutelle du ministre de la Culture de l’époque, Mohamed Banaïssa. En 1992, et avec la coopération de l’ambassade de France, la Direction Régionale de l’Action Culturelle (DRAC) voit le jour, ce qui représentera un changement majeur dans l’histoire de la culture au Maroc. (Chevance, 2015)[2].

 La réalisation de l’importance de la culture, comme vecteur de développement économique est assez récente au Maroc. En effet, le Roi Mohammed VI est le premier souverain à avoir fait de la culture l’un des secteurs prioritaires au Royaume et ce, en investissant de façon notoire dans la culture comme industrie créative. Cette initiative trace le commencement d’une offensive culturelle.

La culture n’est pas encore estimée par les professionnels de l’économie ainsi que du secteur politique tel un élément de croissance. Toutefois, elle commence à être prise au sérieux au niveau local spécialement par les organisations non gouvernementales. L’Agence d’Aide à la Coopération Technique et au Développement (ACTED) est l’une de ces ONG qui collaborent avec les pays émergents, à travers la conception de programmes qui aspirent à contribuer à rehausser l’économie ainsi qu’à dynamiser les interactions sociales. Ses offres, considérant l’évolution économique d’une façon intégrale, tournent autour du patrimoine, ainsi que l’artisanat et le tourisme, afin d’agir en faveur d’une croissance économique qui s’inscrit dans la durée. [3]

 L’agence ACTED, entre autres, en a fait un de ses axes de développement, elle envisage ainsi la culture comme étant « L’ensemble des traits distinctifs, spirituels et matériels, intellectuels et affectifs, qui caractérisent une société ou un groupe social. Elle englobe, outre les arts et les lettres, les modes de vie, les droits fondamentaux de l’être humain, les systèmes de valeurs, les traditions et les croyances ». [4]

 Le développement est alors l’opération d’enrichissement d’une société, dans toutes ses dimensions en préservant une consistance favorable et une commodité et un confort des habitants.

Au Maroc, la culture est considérée comme un accompagnateur de l’économie nationale et comme dispositif en faveur de l’épanouissement du pays. C’est dans cette optique que certaines opérations et des lois qui visent à préserver le patrimoine, à promouvoir l’art, et à rendre la création culturelle un espace libre et démocratique, qu’elles ont été approuvées, de façon à garantir le développement sur le plan culturel et l’évolution de l’économie par le biais de la culture.

Durant les années précédentes, le secteur touristique a fait appel à la culture: plusieurs organismes qui se consacrent  aux deux activités se sont investis en ayant comme objectif l’évolution de la croissance économique d’une façon durable. Une sorte de dynamique qui comble les nécessités des jeunes d’aujourd’hui tout en assurant celles des générations futures.

Le besoin d’enraciner les mécanismes contemporains, sur le plan culturel et touristique chez ce modèle de développement s’inscrit dans une question d’actualisé, en effet, ce genre d’approches suscitent l’intérêt non seulement des gouvernements nationaux mais également des structures globales.

La culture et le tourisme sont capables d’avoir un impact déterminant quant à accomplissement d’objectifs pour une amplification de l’économie d’une manière durable. Ces deux disciplines peuvent s’utiliser conjointement en apprenant l’une de l’autre, et en comblant les lacunes de chacune d’elle dans le but ultime d’appuyer et amplifier les retombées économiques d’une destination. Nombreuses destinations, en œuvrant à la mise en valeur de leur image ont découvertes en utilisant le tourisme un partenaire nécessaire à cette approche.

 La coopération de ces différentes activités admet la réalisation à travers le tourisme d’une préservation du patrimoine naturel ou architectural et de masquer ou éliminer avec le temps les impacts négatifs du tourisme de masse.

          La Maroc accueille un grand nombre de festivals, il reste difficile de les inventorier dans leur totalité. Toutefois, nous n’avons aucune obligation de disposer un chiffre précis afin d’affirmer leur impact sur l’appui et l’accompagnement de l’offre culturelle des territoires Marocains. La planification relative à la culture concernant chacune des régions nous pousse à percevoir leur puissance constance conte aux diverses activités disponibles.

Cette effervescence des festivals n’a cessé de s’accroitre et de se développer tout au long de ces années précédentes, cet accroissement dans leur nombre crée une ambiguïté par apport à sa délimitation. Le festival peut être qualifié d’une expression musicale qui se tient sur une période déterminée à un endroit singulier, toutefois, cette définition semble imparfaite, et ne décrit pas l’aspect complexe et varié de l’offre actuelle, car le festival est une célébration qui renvoi à un caractère festif, aux cérémonies momentanées, occasionnelles et reproduites tout en étant inscrites dans une unité sur trois éléments primordiaux, en l’occurrence, le lieu, le temps, et l’action.

De nos jours les festivals se présentent sous différents aspects permettant leur classification, à travers la période dans laquelle ils sont agencés, ainsi que le lieu où ils se tiennent, sans oublier le flux de visiteurs, en passant par la tarification ainsi que les activités proposées. C’est à travers ces différents indicateurs qu’il est possible de les répertorier et de les classifier en les différenciant les uns des autres.

Effectivement, certains festivals s’intéressent à la photographie, d’autres sont exclusivement musicaux, d’autres tournent autour de la danse, se tenant dans les grandes villes, ou en zones rurales, ils peuvent être gratuits comme payant, certains se glissent en pleine saison d’été, d’autres pas, leurs différences peuvent également se situer au niveau du budget octroyé à leur organisation, certains, en effet, nécessitent des fonds colossaux, d’autres ne sollicitent que des budgets moyens, etc. En tout cas, l’offre s’agrandit d’année en année, et une majorité de festivals rassemblent diverses activités dans leur planning.

Les festivals impactent distinctivement les destinations dans lesquelles ils ont lieu. Sur le plan artistique, ils encouragent l’innovation et la créativité et : « assument plus volontiers le risque artistique que les institutions permanentes, favorisant l’éclosion des jeunes talents ». (Benito, 2002)[5]

Ainsi, Ils participent à l’évolution de la culture des localités où ils se tiennent, proposant l’occasion d’aller voir des spectacles et des exhibitions. La caractéristique festive et éphémère de ce genre d’événements permet, sûrement, d’inciter de nombreux visiteurs n’auraient pas forcément assistés à ce genre de manifestations. Par ailleurs, nombreux festivals ont redonné une vie à des villes ou des régions qui étaient pauvres culturellement.

Ils apportent également, par leur diversité, à un nouveau public des représentations réservées habituellement aux grandes villes uniquement. Il en est de même pour certains événements artistiques tels que les expositions d’art et les spectacles vivants qui n’auraient pas, dans d’autres circonstances, de raisons pour se déplacer dans ces régions.

Du point de vue du tourisme, ce type d’événement attire une quantité considérable de personnes, qui sont soit assidus, ou inhabituels et ce, en apportant une ambiance particulière à la vie de la ville ou de la destination en général. Ils mettent de la lumière sur cette ville le temps d’un cet instant. De même, l’effet sur l’image d’une destination qui organise un événement accompli et la publicité que cela lui procure, lui permettent de gagner en attractivité en suscitant, la curiosité des différents investisseurs ainsi qu’entreprises.

 En outre, cette plus-value permet de maintenir les résidents au sein de la ville organisatrice, d’éviter un exode, tout en séduisant de nouveaux arrivants si possibles.

Sur le plan social, les événements apportent énormément aux territoires hôtes en ajoutant de la fraîcheur aux différentes couches sociales et à nourrir l’imaginaire des personnes en recevant des personnes issues de milieux socioéconomiques distincts, en supportant les interactions culturelles ainsi que les rassemblements qui favorisent le débat social et l’échange constructif, et enfin, en haussant le niveau intellectuel du public et en appelant à la créativité des populations face aux spectacles présentés.

Nous pouvons remarquer, jusqu’ici, les différents impacts des événements culturels sur ces territoires hôtes. Durant ces dernières années, les événements, qui ne provoquaient pas jusque-là une analyse profonde, sont devenus un sujet de discours entre les organisateurs et les autres acteurs impliqués dans leur agencement. D’un côté, leur importance variée sur le territoire (apport culturel, touristique, social et économique), et de l’autre les interrogations qui se présentent liées à leur progression, ont engendré un dialogue entre ces différents acteurs au point de pouvoir analyser et tracer leur propre avenir.

Leur existence croissante a ainsi appelé une approche plus concrète. Des interrogations sur leur programmation, leur public, leur rapport à la communauté et les entraves de leur financement sont posées dans le but de mieux comprendre cette activité dont les impacts sont variés sur les territoires où ces événements se déroulent.

Jean-Hubert Martin, (Commissaire Général de l’Exposition : Le Maroc contemporain à l’Institut du Monde Arabe) considère que depuis le règne de sa majesté le Roi Mohammed VI, une liberté d’expression s’installe en laissant place a un affranchissement incontestable, ce qui distingue singulièrement le Maroc dans le monde arabe.[6]

En tant que directrice des Archives Nationales du Maroc), Bahija Simou, ne tarie pas d’éloges sur le « pari de la culture » adopté par le Roi Mohammed VI. La première transformation capitale est la considération de l’art ainsi que de la culture comme services publics. En effet, l’article 25 de la Constitution de 2011 exprime l’alliance des pouvoirs publics à amener par le biais de moyens adéquats le soutien à la croissance ainsi qu’a la production de l’art et de la culture. Le second changement implique la problématique de la divergence culturelle.

Soutenue par l’UNESCO dans sa convention de 2005 et consentie par le Maroc en 2013, ce concept oriente l’Etat à travers une émancipation de la multiplicité. Une cellule consacrée à la divergence culturelle et linguistique a vu le jour au milieu de la Haute Autorité de la Communication Audiovisuelle (HACA) dans le but de contrôler et orienter au mieux le secteur audiovisuel, ainsi que le Conseil National des Droits de l’Homme (CNDH), qui a pour objectif la mise en place d’un Conseil National des Langues et Cultures Marocaines.

Cette initiative est accompagnée de la stratégie du Ministère de la Culture qui ambitionne de briser les visions « folklorisantes ». En effet, la prise de conscience que la culture n’est pas uniquement réservée à une élite, et qu’elle ne rime pas uniquement qu’avec folklore, mais plutôt, qu’elle est essentielle à un pays, a témoigné le ministre de la Culture, Mohammed Amine Sbihi, lors de la présentation en octobre 2014, de la stratégie de son département à l’horizon 2020.[7]

 C’est une politique qui tourne alentour de deux différentes perspectives : La première est Maroc Culturel 2020 et la seconde, Patrimoine 2020 qui ont pour mission majeure de faire de la culture un instrument d’enrichissement et de développement. Cette vision gouvernementale vient accompagner la stratégie lancée en 2012 qui ambitionne de mettre l’accent sur la proximité des territoires, l’appui financier envers les produits et industries de la culture, ainsi que la protection du patrimoine culturel, historique et artistique, pour aboutir à l’essor de l’image du pays.  [8]

L’objectif qui accompagne la vision du Maroc en 2020, est de garantir aux collectivités locales des infrastructures culturelles, étant donné que 50 % des communes urbaines ne possèdent pas d’équipements destinés à la culture. Afin de réaliser ces objectifs, le gouvernement s’occupera également de la mise en place d’un budget visant l’appui de la culture, d’un montant de 40 millions de DH distribué entre théâtre, arts plastiques et visuels, musique et art chorégraphique, éditions et livres, art de la rue et ce, pour soutenir, à la fois, le créateur et l’entreprise.

Le Ministère de la Culture ambitionne de faire participer aussi les autres ministères, du moment que la culture est un marché qui apporte divers bénéfices, que se soit en matière de création d’emplois, ou d’attrait et de cohérence sociale. La culture influence indirectement les différents aspects de l’économie notamment le tourisme. Cette vision innovante, de par sa différence avec les opérations passées, aspire à concevoir de réelles institutions culturelles marocaines.

Elle mise ainsi sur le maintien, la mise en valeur du patrimoine ainsi que sur la croissance d’une économie du patrimoine culturel. Elle entrevoit l’accomplissement de 140 projets, le déploiement de nouveaux systèmes de management du patrimoine national. Ce patrimoine comprend 12 médinas, 16 ksours et casbahs, 31 musées et d’un bon nombre de monuments. [9]

 Afin de donner de la valeur au patrimoine, des structures indépendantes sont conçues, telle que la Fondation Nationale des Musées qui a vu le jour en 2011. Cette fondation, dirigée par l’artiste peintre Mehdi Qotbi, consolide la direction de l’ensemble des musées nationaux qu’elle manage pour la part de l’État.

Dans l’intention de manœuvrer et de manipuler avec soin cette politique culturelle, la Loi de Finances de 2015 a prévu un accroissement des fonds affecté pour le compte du ministère de la Culture : On passe ainsi de 541,43 millions de DH en l’année 2014 à 627 millions de DH en 2015. Le ministère de la Culture constitue de la sorte 3 % du budget du pays. Le ministère annonce qu’il ambitionne de créer 50 postes chaque année, d’ici 2020 et d’injecter par conséquent, 300 millions de DH additionnels annuellement.

En 2014, un foisonnement de la culture marocaine s’est remarqué. De ce fait, nombreux chantiers importants ont apparu. En mois d’octobre 2014 on célèbre la consécration du Musée Mohammed VI d’Art Moderne et Contemporain de la capitale Rabat. Ce musée est le premier établissement muséal à se vouer complètement aux arts contemporains comme modernes et à répondre au standard des musées internationaux.

 Il abrite aussi la transformation des œuvres artistiques marocaine, notamment dans les arts plastiques et visuels du début du XXème siècle jusqu’à nos jours. Ce musée se transcrit dans au cœur de la politique de la croissance et d’affermissement des équipements culturelles dans le pays. Il ambitionne de recevoir un nombre de 10 millions de visiteurs chaque année.

Une autre manifestation culturelle impliquant le Maroc et sa culture, est l’exhibition à l’Institut du Monde Arabe à Paris : « Le Maroc contemporain », qui a été inaugurée au même moment, permettant ainsi de mettre en valeur, l’œuvre culturelle marocaine à l’international. Ce vernissage fait partie des expositions les plus importantes en France, une exposition qui met au-devant de la scène artistique contemporaine un pays étranger.

De grands travaux ont été lancés afin de concrétiser cette vision culturelle et faire de la culture l’un des piliers du développement national. Un investissement propre de 1,677 milliards et 1,5 milliard de DH, concernant les théâtres de Rabat et de Casablanca. Ces projets sont les symboles du renouveau culturel et artistique du Royaume.

De même, l’édifice de l’Institut National Supérieur de Musique et des Arts Chorégraphiques de Rabat (INSMAC) fait partie, également, des grands chantiers consacrés au développement de la culture au Maroc. Le théâtre de Casablanca est censé être le plus spacieux d’Afrique, et du monde arabe, abritant des pièces de théâtre de 1800 places, des salles de théâtre contenant 600 places et des salles de concerts de 300 places, ainsi que des salles de répétition et d’innovation artistique, des espaces d’apprentissage didactiques pour les plus petits, un nombre important d’artistes et de professionnels, des ateliers commerciaux et un espace destiné aux présentations en plein air, ayant une capacité d’accueillir 35 000 personnes :

 Le projet est ainsi sponsorisé par plusieurs entités avec un montant de (280 MDH) du budget global de l’État, (480 MDH) est une contribution de la direction Générale des Collectivités Locales du ministère de l’Intérieur, ainsi que (400 MDH) financé par le Fonds Hassan II pour le développement économique et social, la région du Grand Casablanca contribue compte à elle par (100 MDH) et finalement la Commune urbaine de Casablanca verse un montant total de (180 MDH) pour la réalisation du projet. [10]

Cependant, d’après un sondage, du Haut-commissariat au Plan de 2004, et comparé aux autres pays, le budget alloué à la culture reste assez faible au Maroc, en effet, en zone urbaine, un foyer composé en moyenne de 5 à 4 personnes ne dépenserait que 167 DH par an pour accéder à l’offre culturelle. En milieu de campagne en revanche, ce numéro ne surpasse pas 160 DH. Ce qui veut dire qu’une personne consacre approximativement 32,11 DH par année pour la culture. [11]

Ce manque de dynamisme par apport à la demande reflète les contraintes auxquelles fait face l’offre culturelle. Les changements apportés durant ces dernières années au niveau culturel, n’ont pas encore entièrement donné leurs fruits, et n’ont pas encore donné lieu à une implantation de la culture dans la routine quotidienne des citoyens. Sa popularisation n’est nullement un mécanisme achevé. L’offre culturelle est centralisée dans les grandes villes et n’arrive pas à l’intégralité du territoire, tels que le Sud du pays, la région de l’orientale et les endroits retirés.

Ce manque d’expansion de la culture est sans doute dû à l’absence de formation et aux métiers de la culture. Selon la conclusion de la situation culturelle au Maroc mené à l’aide de l’association « Racines », il ne subsiste aucune : « structure dédiée à tout ce qui a trait au management culturel et à la gestion des espaces et projets artistiques ».[12]

Ce genre d’obstructions n’empêche aucunement un bon nombre de groupements et d’associations artistiques, comme l’Institut Français du Maroc par exemple, de continuer dans leurs élans, en lançant des actions de formation et de résidence, en plus de leurs diverses initiatives de conception et de création.

Cependant, l’absence du statut juridique d’entrepreneur culturel ralentit l’évolution d’une économie culturelle entièrement compétitive. L’authenticité économique des protagonistes culturels demeure éphémère. Par apport aux droits d’auteurs, pivot de croissance d’un secteur culturel efficace et valorisant, leur professionnalisation n’a pas encore abouti.

Le marché des biens culturels n’est toujours pas réglementé au Maroc, bien que la Loi n° 2-00, se rapportant aux droits d’auteur et droits voisins, décrétée en année 2000, envisage la préservation et le soutien des créateurs d’ouvrages littéraires et artistiques. Les politiques ont toujours du mal à jouer leur fonction de modérateur dans l’allocation des droits envers les sociétés de production, radios, et télévisions ainsi que le lancement sur le marché des biens culturels.

  • L’Événement Culturel et le Développement Local :

– Les Festivals et la commercialisation des produits touristiques :

Il existe des liens importants entre l’événement culturel, le tourisme et l’intérêt progressif compte à l’organisation des festivals, ce qui justifient la mise en vente des différentes productions touristiques par le biais de moyens variés. Telle est la mission du réseau des Services Loisirs Accueil (SLA) en France.[13]

Cette association dirige un réseau de 56 centrales de réservations touristiques départementales en France : les Services Loisirs Accueil (SLA), où la Fédération Nationale édite annuellement une brochure exposant certains festivals ainsi que les créations secondaires en lien avec l’activité des festivals.

D’autres établissements de promotion se sont pareillement développés au cours des années quatre-vingt, (comme « France festival », club qui a vu le jour en 1988), et qui ont comme mission de former les adhérents afin de mieux façonner les événements, et maîtriser les réseaux de prospection et d’organisation touristique, facilitant ainsi par la suite, le déroulement d’événements culturels et la découverte de monuments patrimoniaux par le public : 

 « D’après l’étude menée en 1992 par la direction de la musique et de la danse sur les 247 festivals qu’elle subventionnait, le choix d’un lieu historique représentait 41 % des 1 244 lieux utilisés par ces festivals. Ces chiffres témoignent de la volonté de sortir les événements culturels des cadres de culture traditionnels, et de les lier au patrimoine, c’est-à-dire à la beauté et à la mémoire ». (Cardona & Lacroix, 1995)[14]

Au Maroc les Festivals sont de plus en plus nombreux mais non recensés de manière exhaustive. Environ quatre-vingts en 2007, 22 organisés par le Ministère de la Culture en 2014 Ministère de la Culture, Royaume du Maroc, « Guide des Festivals Art et Patrimoine », 2014. (Ait Mous & Wazif, 2008)[15]

 L’encouragement des pouvoirs publics à ce type d’événements, s’inscrit principalement, dans la perspective du développement du tourisme culturel en diffusant l’image d’un pays ouvert et festif. D’ailleurs la plupart des festivals sont en partie ou en totalité gratuits et attirent souvent des publics nombreux. Mais ce développement ne s’est pas accompagné de réflexions et d’analyses de la mesure de l’impact ex ante ou ex post.

Les événements culturels servent de coup de pouce au patrimoine, car en plus de verser une contrepartie financière aux sites historiques dans lesquels ils ont organisés ; ils contribuent aussi à leur entretien. En effet, quelques lieux historiques jadis oubliés, sont désormais restaurés par et pour des événements. Globalement, la majorité des événements culturels qui ont lieu dans un endroit relevant du patrimoine local, contribuent à le faire renaitre.

Ce rehaussement du patrimoine local est généralement délibéré. [16] Le festival du « Film International du Film de Marrakech » par exemple, tente d’encourager la visite de Jamaa Lafna après les tables rondes et conférences de presse.

Les sites inscrits dans le patrimoine proposent aux événements culturels un environnement inégalable. En échange ces derniers restituent, à ces sites, un nouveau souffle en leur rendant l’objectif pour lequel ils ont été érigés.

– L’impact sur l’emploi :

Les événements engendrent de l’emploi. Ces professions sont variées par leur nature mais également par leur construction. Certains ont comme particularité d’être saisonniers ; d’autres sont créés à mi-temps. Ces emplois contribuent souvent à l’économie locale. Il s’agit souvent de postes se trouvant à proximité, disponibles dans le voisinage, ou la ville d’à côté, spécialement en ce qui concerne, les techniciens abstraction faite de certaines personnes qui possèdent quelques aptitudes indisponibles sur place, ou dans les régions avoisinantes.

Cette amplification significative de l’emploi temporaire a lieu pendant la basse saison concernant les activités culturelles. Toutefois, les événements d’été procréent une activité supplémentaire pour certains commerces et leur procure de cette manière un prolongement de travail. Ils assurent la continuité d’un certain dynamisme envers des partis qui n’auraient pas eu cette occasion. [17]

Quelques organisateurs d’événements tentent, pour se démarquer, de faire découvrir de la nouveauté en termes de jeunes talents. Cependant, avec un budget restreint, certains organisateurs éprouvent le besoin quelquefois d’inviter à des artistes, dans des conditions sociales peu satisfaisantes, ce qui peut nuire à l’image et la réputation de l’événement, voire même de la ville.

Toutefois, la croissance des événements culturels et leur organisation tout au long de l’année permettent à des professionnels du secteur de trouver un emploi stable.

Plusieurs secteurs profitent, à l’aide de l’événement, de cette augmentation d’animation qui engendre autant d’emplois permanents que provisoires résultants de plusieurs variables, en l’occurrence, l’hébergement, la restauration, les déplacements les sociétés de nettoyage ou de sécurité, la sustentation et le commerce en général, l’industrie médicale, tout comme l’action sociale, le secteur des télécommunications et des médias, ainsi que les groupements socioculturelles qui s’impliquent dans l’environnement du festival.

Afin de confirmer ce postulat, nous allons illustrer par un exemple concret, qui est celui du festival d’Avignon. En effet, par manque d’informations et d’étude incluant des informations datant d’avant et après événement au Maroc, nous prendrons comme exemple un événement organisé en France, et plus précisément, l’étude de 1996 conduite par l’association de gestion du festival, cette étude se base sur l’analyse du nombre de contrats d’embauche avant durant et après l’événement.

 Elle permet ainsi de déterminer le nombre d’emplois crées grâce à l’événement, ce nombre est de (1000) mille emplois générés pendant l’année qui le précède, c’est-à-dire l’année relative à son organisation.

Effectivement, les différents emplois créés sont répartis comme suit, 100 emplois dans le secteur de l’hôtellerie et la restauration, quatre cent (400) concernent le secteur des services rendus aux entreprises, 195 dans les activités culturelles et 116 emplois dans le secteur associatif, 21 postes ont été créées dans la Poste et plus précisément pour France Telecom, 51 fonctions s’ajoutent dans le secteur de la santé, et en dernier lieu 5 autres postes touchant la sphère de l’édition et de l’imprimerie.[18]

En parallèle de nombreux « petits boulots » se créent également, (service de conciergerie, vendeurs ambulants), ce qui permet à une économie minime mais conséquente de se mettre en place, et d’avoir de sérieuses retombées sur une population locale.

– L’impact sur l’économie :

Nous avons vu que les événements boostent l’économie locale. Ceci implique les acquisitions réalisées par les organisateurs afin de réaliser l’événement. Lorsqu’ils ne le font pas eux-mêmes, les initiateurs des festivals font appel à des agences spécialisées et les dépenses réalisées par leurs soins représentent l’ensemble des gains directs.

 Ces intermédiaires, auxquels font appel les agences de communication, sont souvent liés au domaine de l’imprimerie pour la mise en œuvre des brochures, des affiches, des dépliants, ainsi qu’à ceux du secteur des relations publiques, des agences de voyages afin de s’occuper de la billetterie, et des prestations techniques (lumière, sonorisation), et même du secteur des (location de matériel, réservation de lieux de spectacles ou d’instruments de musique). Ils emploient également des agences de presse, en incluant les frais d’affichage, et les conférences de presse, sans oublier le secteur des transports.

Autant d’acteurs différents tous contribuant d’une façon directe aux retombés engendrés par l’événement, en effet, il faut porter une attention particulière à tous les corps de métiers touchés par l’organisation d’un événement, les producteurs, journalistes, les agents de sécurité, les attachés de presse…les agents de maintenance informatique, les différents acteurs qui couvrent les différentes facettes de l’événement, participent pareillement aux retombées directes attribuables à l’événement.[19]

Les visiteurs contribuent, grandement, à l’épanouissement de l’économie locale lors des événements.  Une bonne partie de leur économie ou de leur salaire est ainsi dépensé, dans la majorité des cas, dans des boutiques de souvenirs, ou à l’achat de cadeaux ou de produits artisanaux spécifiques à la région. Mais la plus grande partie de ces dépenses est absorbée par les coûts d’hébergement et de restauration. Tandis que d’autres acquisitions sont dans la possibilité d’être réalisés dans d’autres genres de transactions locales.

La prospérité d’un pays ou d’une capitale ne s’évalue pas uniquement à travers l’estimation de l’industrie ou de l’agriculture, du commerce et des services. La place qu’occupe la culture a acquis une importante et authentique portion du marché. Certes, ce fut toujours le cas, mais dans les siècles précédents, le culturel se situait « à côté » de l’économique. Il était considéré comme une ostentation et n’était défini qu’à travers le mérite que sa profondeur, et son étendue arboraient à l’image d’un pays.

La culture est prisée de tous. L’événement culturel a envahi le quotidien et, par conséquent il commencera à peser sur la vie économique.

En effet, si l’on prête d’avantage attention à l’intérêt que représente cet enthousiasme culturel au Maroc, en explorant les motivations, les retombées sociales et économiques de ces événements culturels, éphémères ou durables, on remarque aussitôt que les informations et les recherche qui s’y intéressent se font rares, éparpillées, imprécises et privées d’un regard économique ou sociologique.

Téléchargez l’article dans sa version complète

[1] Dahir n°1-11-91 du 27 Chaâbane, 1432 (29 Juillet 2011) portant promulgation de la constitution,

(http://www.amb-maroc.fr/constitution/Nouvelle_Constitution_%20Maroc2011.pdf)

[2] Margot Chevance, la culture au Maroc, un bien économique en devenir, Conjoncture, A la Une. https://www.cfcim.org/magazine/21833

[3] www.acted.org/fr.

[4] http://portal.unesco.org/fr/ev.php-URL_ID=13179&URL_DO=DO_TOPIC&URL_SECTION=201.html

[5] BENITO L., « Les Festivals, entre événement et manifestation culturelle », in, «Événements, tourisme et loisirs», Cahier Espaces, n° 74, éd. Espaces Tourisme & Loisirs, 2002, p. 26).

[6] Jean-Hubert Martin, cité par Najib Abdelhak in, www.aujourd’hui.ma,  Culture, 2014.

[7] (Cité par Youssef Roudabi : Mohamed Amine Sbihi: Maroc Culturel 2020, «un levier de développement», www.telquel.ma, 2014, Culture).

[8] (http://www.leconomiste.com/article/sife-maroc-presente-sa-vision-2012).

[9] (http://www.minculture.gov.ma/fr/index.php/ministere2/activites-du-ministre).

[10] http://www.casa-amenagement.ma/fr/nos-projets/grand-theatre-de-casablanca

[11] Le Maroc en chiffres, http://www.hcp.ma/downloads/Maroc-en-chiffres_t13053.html.

[12] Base documentaire, http://www.racines.ma/base-documentaire

[13] (www.loisirs-accueil.fr). 

[14] Janine CARDONA et Chantal LACROIX, Chiffres clés 1995 : statistiques de la culture.

[15] Aït Mous F. et Wazif M., « Festivals d’été au Maroc : rayonnement international et facteur de cohésion Sociale », MED, 2008, bilan, Université Hassan II, Casablanca.

[16] Marie-France BOVE Ecole supérieure de gestion – 1995 Evénements phares du développement culturel en France : les festivals français vont-ils vers un compromis entre les financements publics et le mécénat ?

[17] Hélène Chauveau, Les festivals culturels dans les Pays du Forez, rôle dans le développement local,

[18] (Etude réalisée par le CEFRAC L’impact économique, en termes d’emploi pour le compte de la commission européenne – avril/octobre 1996 dix festivals en Europe).

[19] (Rapport du conseil économique et social régional de Rhône-Alpes – 18 juin 1997, Pour une politique régionale en faveur des festivals).

Scroll to Top